« La grande attente, c’est le pouvoir d’achat », affirmait sur RFI Erwan Lestrohan, directeur d’études de l’Institut de sondage Odoxa, quelques heures avant la déclaration de politique générale du premier ministre. Las, Gabriel Attal a répété sa volonté de « désmicardiser » la France, mais n’a pas abordé frontalement la question. Pourtant, elle reste au cœur des préoccupations des Français. Selon une enquête menée par l’IFOP pour le cabinet Syndex et publiée le 23 janvier, c’est la question prioritaire pour 77 % des salariés.
Il faut dire qu’en deux ans l’inflation a flambé de plus de 10 % en France. Sur cette période, les prix payés par les consommateurs pour faire leurs courses ont bondi de près de 20 %, et ceux du tarif réglementé d’EDF de l’ordre de 43 % à 44 %… Dès lors, la désinflation, amorcée depuis fin 2023 − l’inflation atteignait 3,1 % en janvier 2024, contre 6 % un an plus tôt –, ne se fait pas réellement ressentir. D’autant que de nombreuses dépenses quotidiennes − alimentation, énergie, transports, téléphone… − ont encore accusé des hausses en ce début d’année, ou devraient augmenter prochainement.
« Au moment où les prix reviennent dans la norme, il est légitime qu’il y ait, en effet, des augmentations », s’était justifié Emmanuel Macron lors de la conférence de presse du 16 janvier, en parlant notamment des prix de l’électricité. « Il reste des pressions à la hausse sur certains prix, notamment dans les services, ce qui fait que l’on ne reviendra pas de manière linéaire vers une inflation à 2 %, la cible fixée par la Banque centrale européenne », confirme, pour sa part, Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision à l’Observatoire français des conjonctures économiques.
Le ressenti des consommateurs peut être d’autant plus marqué que les hausses de salaires, elles, interviendront avec un certain décalage par rapport à la hausse des prix. Les enquêtes menées par les cabinets spécialisés concluent à des prévisions d’augmentation de 3,6 % en moyenne (pour le cabinet LHH), voire 4 % pour WTW. Des chiffres supérieurs à l’inflation annoncée, qui regonfleront un peu un pouvoir d’achat mis à mal pour de très nombreux salariés en 2022 et 2023.
Alimentation : des niveaux de prix durablement plus élevés
Malgré les rodomontades de Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc, qui clame vouloir « casser la gueule à l’inflation », les prix alimentaires ne donnent pas de signes de faiblesse : l’inflation a certes ralenti, passant sous la barre des 6 %, à 5,6 % en janvier. Mais, en deux ans, fruits, légumes, viandes ou biscuits ont augmenté de plus de 20 % en moyenne.
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