En faisant tomber sur des « araignées d’eau » des gouttes de 4 millimètres de diamètre, à une vitesse d’environ 9 mètres par seconde, des chercheurs de l’université du Tennessee et de l’université polytechnique de Floride ont découvert que le plus grand péril qui menace ces insectes n’est pas celui que l’on croit.
Par sa chute, une goutte crée un creux dans lequel l’hémiptère s’enfonce. Puis ce « cratère » remonte en un jet rapide, qui propulse l’insecte vers le haut. La colonne d’eau retombe rapidement pour former dans le liquide un second cratère. Le choc est si violent qu’il met la tête de la petite bête sous l’eau. Celle-ci mourrait si elle n’avait la capacité à s’agiter vite pour remonter à la surface.
Cette incroyable séquence a été publiée dans la revue PNAS du 22 janvier. Les chercheurs ont aussi constaté que la goutte, bien que quarante fois plus lourde que l’insecte, ne peut l’écraser. Son corps est très résistant, et de plus il est hydrophobe, ce qui crée autour de lui une bulle d’air apportant un peu plus d’oxygène sous l’eau.
Expérience avec des morceaux de plastique
« Nous avons été surpris de constater que l’impact de la goutte n’est pas une menace pour l’insecte. Et surpris aussi de voir que la vitesse de retour du jet est très grande, expliquant la submersion de l’araignée d’eau », note Andrew Dickerson, qui a commencé ces expériences en 2019. Parfois, le jet monte si vite que les insectes en sont expulsés. Auparavant, le chercheur avait étudié l’effet de la pluie sur le vol des moustiques ou autres bourdons, montrant là aussi la grande résistance des insectes aux impacts directs des gouttes.
L’équipe envisage d’étudier à présent d’autres corps flottants, mais inertes, comme les microparticules de plastique. Andrew Dickerson précise : « Les araignées d’eau ne sont qu’un des objets susceptibles d’être perturbés par la pluie. Certains morceaux de plastique peuvent être amenés à passer ainsi sous l’eau, puis à être entraînés par des courants plus profondément. La collecte de ces plastiques en serait donc plus compliquée. Mais tout dépend de la taille, de la densité, de la mouillabilité… »