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Le commerce de l’habillement perd des milliers d’emplois dans l’indifférence

Pendant les soldes d’hiver à Brest, le 10 janvier 2024.

Il y a eu le choc de la liquidation judiciaire de Camaïeu et ses 2 600 emplois supprimés, fin 2022. La fin de San Marina, en février 2023, 680 salariés licenciés. Le redressement de Kookaï, qui a perdu 150 de ses 220 salariés, fin 2023. Puis, en janvier, la cession de Minelli à une PME, aux dépens de 392 postes.

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Ce sont « au moins 4 000 » emplois qui ont disparu dans le commerce de l’habillement et de la chaussure en 2023, selon l’Alliance du commerce. Et au total 37 000 suppressions en dix ans. Avec une brusque accélération des défaillances ces deux dernières années : 1 130 distributeurs de mode se sont placés sous la protection d’une procédure collective, en 2023, soit 51,3 % de plus qu’en 2022, d’après le décompte du cabinet Altares. Et l’hécatombe n’est pas finie.

Le 14 février, le tribunal de commerce de Bordeaux doit examiner un plan de sauvegarde des magasins Galeries Lafayette exploités en franchise dans vingt-deux villes de France par la société Hermione Retail de l’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon. Celle-ci ferraille avec ses créanciers depuis des mois pour l’effacement de 70 % de ses 154 millions d’euros de dettes. Près de 800 salariés sont concernés. Les 732 salariés de Chaussexpo redoutent, eux, le 15 mars, date butoir pour candidater à la reprise d’un ou plusieurs des 180 magasins de leur chaîne, en liquidation judiciaire.

Conjoncture maussade

Ces enseignes doivent toutes se plier à une conjoncture maussade. L’an dernier, le marché de l’habillement a perdu 3,5 % de chiffre d’affaires, selon Retail Int., panel établi à partir des ventes d’une soixantaine d’enseignes d’habillement et de chaussures. Mais ni cette base de données, ni celle de L’Observatoire économique de l’Institut français de la mode (IFM), n’agrègent les chiffres des chaînes actuellement les plus en vogue, dont les 110 Zara ou les 29 Primark exploités en France. « C’est un biais », convient Emmanuel de Courcel, directeur de Retail Int.

Toutefois, l’Alliance du commerce maintient que le marché a perdu 9 % depuis 2019. Et « rien ne laisse penser que le marché recouvre la santé de sitôt », selon son délégué général, Johann Petiot. Car, en dépit d’un reflux, l’inflation est toujours présente. Le prix de l’électricité augmente. Selon le Crédoc, déjà, 42 % des Français se disent obligés de restreindre leurs dépenses d’habillement.

A l’évidence, les 180 000 personnes du secteur paient aujourd’hui l’expansion irrationnelle des chaînes de grande diffusion, partout en France et dans ses 800 centres commerciaux depuis les années 1980 et 1990. Car « le marché de l’équipement à la personne n’a jamais augmenté en volume à cette période », souligne Pascal Madry, directeur général de l’Institut pour la ville et le commerce. Seul a progressé « le nombre de points de vente, les enseignes se finançant par la dette », observe-t-il. Ainsi, souligne l’Alliance du commerce, « entre 2007 et 2013, les effectifs du commerce ont continué d’augmenter (+8 %) alors que la consommation des ménages chutait de 9 % ».

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