L’objectif est déjà atteint, mais les Léopards ne sont pas rassasiés. Après avoir éliminé l’Egypte, à l’issue d’une séance de tirs au but étouffante (1-1, 8-7 aux t.a.b.), la République démocratique du Congo (RDC) disputera vendredi 2 février à Abidjan les quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) face à la Guinée. Une qualification amènerait les Léopards à se mesurer en demi-finale au vainqueur du match Côte d’Ivoire-Mali, le 7 février à Abidjan.
Si la présence en quarts de finale d’une sélection qui a déjà remporté la CAN en 1968 et 1974 n’a rien d’une anomalie sportive, son parcours en Côte d’Ivoire est une belle surprise et témoigne d’une progression depuis juin 2022. A cette époque, les Léopards, alors entraînés par l’Argentin Hector Cuper, venaient de subir en qualification de la CAN deux défaites face au Soudan (1-2) et au Gabon (0-1). Deux mois plus tard, le Français Sébastien Desabre était nommé sélectionneur, avec un objectif : « Celui de disputer la CAN 2025. Aller en Côte d’Ivoire, c’était du bonus. »
Leur fin de parcours parfaite (quatre victoires), leur en a donné le droit. Les Congolais, emmenés par le capitaine Chancel Mbemba et l’attaquant Cédric Bakambu, les deux joueurs les plus capés, avec respectivement 80 et 52 sélections, ont réussi à se qualifier en phase finale. Si Sébastien Desabre refuse d’employer le terme d’exploit pour résumer les performances de sa sélection en Côte d’Ivoire, il reconnaît que les Léopards sont en avance sur leurs objectifs. « On ne vient pas de nulle part, la RDC est un grand pays de football, dit-il. Des choses avaient été mises en place avant mon arrivée, mais quand j’ai été nommé, j’ai voulu améliorer le fonctionnement de la sélection et apporter des nouveautés dans l’effectif. »
Le sélectionneur avait ainsi obtenu du ministère des sports l’assurance que les Léopards disposeront des moyens financiers nécessaires pour effectuer des stages à l’étranger et y disputer des matchs amicaux lors des trêves internationales, hors rencontres qualificatives pour la CAN ou la Coupe du monde 2026. « Nous avons ainsi pu nous rendre en Espagne, au Portugal et au Maroc. J’avais besoin de ces stages et de ces rencontres pour notamment faire venir de nouveaux joueurs, les intégrer à notre projet », poursuit Sébastien Desabre.
Nouveau staff technique
Sont ainsi venus s’ajouter à l’effectif Dimitry Bertaud, Brian Bayeye et Simon Banza, nés en France, Charles Pickel, natif de Soleure (Suisse) ou Grady Diangana, qui avait porté plus tôt le maillot des sélections anglaises des moins de 20 et 21 ans. Des cadres ont en revanche été évincés comme le capitaine Marcel Tisserand et l’attaquant Ben Malongo par un technicien français qui a pris la mesure des défis posés par les réalités du football congolais cinq mois après sa nomination.
Le championnat national, interrompu en décembre 2022, pour des raisons logistiques et financières, n’a repris qu’en septembre. Dès lors pour Sébastien Desabre, « il n’était pas envisageable de sélectionner des joueurs qui n’avaient pas de compétition à disputer. Je ne pouvais donc m’appuyer que sur des expatriés ou des binationaux. »
La nomination d’un nouveau staff technique et l’intégration progressive de nouveaux joueurs ont permis aux Léopards de revenir sur le devant de la scène africaine, après des années de résultats décevants. « Lors de la CAN 2019 en Egypte, l’équipe avait été éliminée dès les huitièmes de finale et elle était absente au Cameroun en 2022, rappelle l’ancien défenseur congolais Hérita Ilunga (31 sélections). Ces changements au niveau du staff et de l’effectif étaient nécessaires, car les Léopards avaient besoin d’un nouvel élan. »
Hérita Ilunga, désormais président de l’Union des footballeurs du Congo (UFC), se veut ainsi confiant sur les chances des Léopards face à la Guinée. « La RDC a développé un jeu plaisant et cohérent depuis le début de la CAN, et notamment face à des adversaires du calibre du Maroc et de l’Egypte. Mais il ne faut pas considérer qu’avoir atteint les quarts de finale est suffisant », insiste l’ancien international.
Avant le coup d’envoi de la CAN en Côte d’Ivoire, Sébastien Desabre avait jugé que l’accession à ce stade de la compétition serait synonyme de réussite. Mais « maintenant que nous y sommes, on doit bien sûr avoir l’ambition de passer ce cap. La qualification obtenue contre l’Egypte a apporté un surplus de confiance aux joueurs qui veulent prolonger leur séjour en Côte d’Ivoire », reprend le sélectionneur. Au moment d’une confrontation face à la Guinée qui s’annonce équilibrée, les Léopards pourront compter sur le soutien de supporteurs de plus en plus nombreux à se rendre à Abidjan.