A qui pleurera le plus fort. Une étude publiée jeudi 1er février sur « le partage de la valeur entre auteurs et éditeurs », commandée par le Syndicat national de l’édition (SNE) avec le concours du cabinet d’audit KPMG, pose le constat suivant : les éditeurs assurent qu’ils se réservent une part du chiffre d’affaires tiré de la vente des livres inférieure à celles touchée par les auteurs.
L’échantillon permettant d’établir une telle conclusion porte uniquement sur l’analyse de la comptabilité des grosses maisons (Actes Sud, Albin Michel, Editis, Glénat Editions, Hachette Livre, Madrigall – la maison mère de Gallimard et Flammarion), Média-Participations et la petite maison indépendante Zulma. Ces poids lourds représentaient 29 % du marché en 2022 et ont pour particularité de publier le plus grand nombre de best-sellers – et donc de payer le plus de droits d’auteur.
Par ailleurs, seuls cinq secteurs ont été passés en revue pour cette étude : la littérature générale, les livres pratiques, les livres d’art, de jeunesse et la bande dessinée, qui représentaient, en 2022, 68,5 % du marché français de l’édition. Jugés peu représentatifs, le scolaire, aléatoire selon les réformes, et le manga, liés à des cessions de droits à l’étranger, n’ont pas été gardés.
L’étude procède donc à une analyse extrêmement restreinte du marché. En ne conservant que la moitié des revenus tirés de la vente des livres (51 % revient aux libraires, aux diffuseurs et aux distributeurs) et en se focalisant uniquement sur les 49 % restants (qui vont aux éditeurs et aux auteurs), le SNE affirme « qu’en moyenne, 24,8 % du chiffre d’affaires net d’un éditeur revient aux auteurs, tandis que 17,8 % sont gardés par l’éditeur pour couvrir ses frais de structures (immobilier, fonction support, amortissement…) et son résultat d’exploitation ». Le reste (57,4 %) englobe la fabrication, l’activité éditoriale, le marketing, la communication, le stockage et la logistique.
« Economie de la pauvreté »
A l’aune de ces chiffres, les droits d’auteur semblent particulièrement chiches dans les livres d’art (11,6 %), et sous la moyenne également dans les secteurs de la jeunesse (18,2 %) et des livres pratiques (19,5 %). La littérature générale et la BD s’en sortent mieux.
« Cette étude rappelle que s’il faut un auteur pour un livre, il faut une maison d’édition pour le financer », insiste Vincent Montagne, président du SNE et PDG de Média-Participations. Ce rapport était d’autant plus attendu que les négociations entre les représentants des éditeurs et des auteurs pour réduire la précarité de ces derniers patinent depuis des années. Le rapport de Bruno Racine sur le statut des auteurs n’a toujours pas été suivi d’effets quant à l’ouverture de négociations financières globales.
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