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Désertification bancaire : touche pas à mon distributeur de billets !

Fermera ou ne fermera pas ? Fin janvier, la question de l’avenir de l’unique distributeur de billets de la station balnéaire de Sion-sur-l’Océan, un quartier de Saint-Hilaire-de-Riez, en Vendée, est toujours en suspens. La nouvelle de sa suppression est arrivée par courrier à la mairie l’été dernier. « La Banque postale nous a fait part d’un problème de rentabilité sur cet automate pas assez fréquenté », détaillait, courant septembre, Aurélien Franckel, le directeur général des services à la mairie. L’unique supérette venait alors de baisser son rideau, les boutiques saisonnières bradaient leurs articles avant fermeture, la station tout entière basculait hors saison, son ultime distributeur de billets en sursis.

Le cas de Sion-sur-l’Océan est loin d’être isolé. Depuis 2018, le nombre de distributeurs automatiques, soit 46 249 fin 2022, a baissé de plus de 12 % en France métropolitaine. Une diminution qui va s’accentuer avec la mise en commun progressive, et qui a débuté en janvier, des distributeurs de quatre enseignes : BNP Paribas, Crédit mutuel, CIC et Société générale. Pour justifier cette tendance, les banques évoquent les nouveaux usages, la généralisation du paiement sans contact, notamment depuis le Covid-19, la baisse de l’utilisation des espèces (− 22,5 % du nombre de retraits depuis 2019, selon la Banque de France). Mais également les frais qui leur incombent, ceux du matériel, de sa sécurité et de son entretien. Un DAB coûte entre 25 000 et 32 000 euros par an, selon sa situation.

Chargée de faire une cartographie annuelle du territoire et de l’accessibilité des espèces pour les Français, la Banque de France se veut néanmoins rassurante. Dans son dernier rapport, elle souligne que cette diminution se concentre sur les « villes les plus peuplées et les mieux équipées ». Joint par téléphone, Christophe Baud-Berthier, le directeur des activités fiduciaires, refuse de parler de désertification et estime la couverture du territoire « convenable ». Il insiste notamment sur l’attention prêtée au sort des zones rurales. Au Crédit mutuel, une des quatre banques concernées par la mutualisation des distributeurs, le porte-parole, Aziz Ridouan, va dans la même direction : « L’idée est de s’organiser pour ne pas partir en même temps et conserver un DAB lorsqu’il est le dernier, en divisant son coût entre plusieurs enseignes. »

Prendre la voiture pour tirer des sous

Au marché hebdomadaire de Sion-sur-l’Océan, un vendredi matin de fin septembre, Isabelle Tessier a sorti son stand de viennoiseries locales, brioches ou fions – ces flans aux œufs vendéens. Elle tient l’unique boulangerie du quartier, Le Fournil de Sion. Devant elle, ses clients, en majorité des retraités, font l’appoint en espèces, leur petit porte-monnaie en cuir à la main. Isabelle ne prend pas les cartes bancaires. « J’avais demandé un TPE [terminal de paiement électronique] portable, fait-elle valoir. Mais il ne fonctionne pas bien, et puis le service est payant. » La boulangère de 52 ans est bien sûr au courant de la suppression possible du distributeur. Son commerce est situé juste en face. « C’est sûr, ça va être mal perçu. Ici, les gens ont l’habitude de payer en espèces, ils vont rouspéter. »

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