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Exaspérés, les enseignants en grève "pour défendre l'école publique"

Plusieurs milliers d’enseignants appelés à la grève ont manifesté à travers la France, jeudi, pour « lancer un avertissement » au gouvernement sur les conditions de travail, les salaires et l’école publique, alors que la ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, est fragilisée par une avalanche de polémiques. Selon les chiffres du ministère de l’Éducation, 20,26 % d’enseignants ont fait grève.

La colère est ancienne mais semble ravivée par les déclarations d’Amélie Oudéa-Castéra. Plusieurs milliers d’enseignants et autres personnels de l’éducation, en grève, ont manifesté, jeudi 1er février, pour alerter sur leurs conditions de travail, leurs salaires, mais aussi défendre l’école publique après les déclarations polémiques de leur ministre, Amélie Oudéa-Castéra.

« Oudéa-Castéra 0/20, au coin ! », « Oudéa-Castéra médaille d’or du mépris », « AOC : mets tes baskets (tu seras moins hors-sol) », « Amélie Oudéa casse-toi ! », pouvait-on lire sur des pancartes du défilé parisien, qui a réuni plusieurs milliers de manifestants jeudi après-midi en direction du ministère de l’Éducation nationale, selon des journalistes de l’AFP. 

« Les organisations syndicales qui le demandaient », FNEC-FP-FO et ID-FO (chefs d’établissements), « ont été reçues au ministère » dans l’après-midi, a précisé le cabinet de la ministre.

La préfecture de police a comptabilisé 6 800 manifestants à Paris. Ils étaient aussi des milliers à battre le pavé dans plusieurs autres villes de France. 

Selon les chiffres du ministère de l’Éducation, 20,26 % d’enseignants étaient grévistes jeudi. Le Snes-FSU, premier syndicat du second degré, a estimé le taux de grévistes dans les collèges et lycées à 47 %, et la FSU-Snuipp, principal syndicat du primaire, a compté 40 % de grévistes dans les écoles maternelles et élémentaires.

Une mobilisation importante, mais moindre par exemple que celle du 13 janvier 2022, quand Jean-Michel Blanquer était ministre de l’Éducation nationale.

 « Le catalyseur de notre colère, c’est clairement les déclarations de madame Oudéa-Castéra, que nous vivons comme une provocation adressée à l’école publique », lance Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes, dans la manifestation parisienne, organisée à l’appel des principaux syndicats enseignants (FSU, CGT, FO, SUD-Education, UNSA-Education, SGEN-CFDT).

Une ministre « discréditée »

Ailleurs en France, au moins 1 600 personnes ont manifesté à Marseille, 2 500 à Lyon, 2 300 à Rennes, 2 300 à Nantes et 1 300 à Rouen, selon les autorités, 1 200 à Brest, selon les syndicats. Ils étaient plusieurs centaines à Toulouse, selon l’AFP, et 700 à Strasbourg, selon la police, entonnant des slogans tels que « Attal, si tu savais, ta réforme où on se la met ».

Des lycées ont aussi fait l’objet de blocages dans plusieurs villes, notamment à Paris, Marseille ou Montpellier.

« Profs/Élèves même combat », pouvait-on lire notamment sur une banderole devant le lycée Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris, où environ 200 jeunes venus de plusieurs lycées étaient rassemblés.

« Je suis ici pour protester contre la ministre de l’Éducation, le fait qu’elle reste en poste malgré ce qu’elle fait » et « aussi contre le SNU et l’uniforme », a expliqué à l’AFP une lycéenne en classe de première.

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Pour la FSAOCU-SNUipp, cette mobilisation est « un avertissement lancé au gouvernement », qui « reste sourd » face aux alertes. « La situation s’est aggravée avec la nomination d’une ministre à temps partiel qui s’est discréditée », ajoute ce syndicat.

L’appel à la grève à destination des enseignants et de l’ensemble des personnels de l’éducation a été lancé en décembre, avant l’arrivée d’Amélie Oudéa-Castéra rue de Grenelle pour succéder à Gabriel Attal, nommé à Matignon.

Mais « AOC », promue il y a trois semaines à la tête d’un super-ministère, dans lequel l’Éducation et la Jeunesse s’ajoutent aux Sports et aux Jeux olympiques, dont elle avait déjà la charge, a cristallisé le mécontentement du monde enseignant.

Les déclarations polémiques de la ministre dès sa prise de fonction, qui a justifié l’inscription de ses enfants à l’établissement privé élitiste Stanislas par « des paquets d’heures pas sérieusement remplacées » dans le public, affirmations démenties ensuite par l’ex-enseignante de son fils en maternelle, ne sont toujours pas passées.

Quand le doute s’installe

Les polémiques se sont multipliées depuis. Dernière en date, Mediapart a affirmé mercredi soir qu’Amélie Oudéa-Castéra aurait fait la promotion d’une école privée hors contrat qui accueille notamment de jeunes sportifs quand elle était ministre des Sports, et soutenu la demande de cette école de passer sous contrat avec l’État.

Cette école « accueillant un certain nombre de sportifs de haut niveau, il est normal que des échanges aient pu avoir lieu sur ce dossier dans le cadre de ses fonctions », a réagi l’entourage de la ministre jeudi matin.

Pour le ministère de l’Éducation cependant, « la spécificité de l’offre pédagogique » de cette école, Diagonale, et « les retraits d’emplois par ailleurs prévus dans l’enseignement public comme privé sous contrat à Paris » ne « permettent pas de passer sous contrat les classes de Diagonale ».

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La ministre s’efforce de déminer depuis sa nomination. Mais même au sein de la majorité, le doute demeure.

« La difficulté, c’est qu’en six mois, on est arrivés à se créer une crédibilité en salle des profs. Et en trois jours, c’était fini », regrette un cadre de la majorité à l’Assemblée.

Amélie Oudéa-Castéra devrait être auditionnée mardi après-midi à l’Assemblée nationale.

Avec AFP

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