D’intenses frappes israéliennes ont touché la ville de Rafah samedi 3 février, à la pointe sud de la bande de Gaza. Selon le ministère de la santé du Hamas, au moins 100 civils ont été tués pendant la soirée et la nuit, dont 14 tôt samedi dans les bombardements de deux résidences de la ville. Désormais, ce sont plus de 1,3 million des quelque 2,4 millions d’habitants du microterritoire qui se massent à Rafah, menacés en plein hiver par la famine et les épidémies, selon les Nations unies (ONU).
Au cours des dernières semaines, les opérations israéliennes se sont concentrées dans la ville voisine de Khan Younès, la deuxième en importance du territoire, où se cache, selon l’armée israélienne, le commandement local du Hamas.
Le ministère de la santé palestinien a, par ailleurs, annoncé samedi un bilan de 27 238 personnes tuées, en majorité des femmes, des enfants et des adolescents, dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. Il a fait état dans un communiqué de 107 morts au cours des dernières vingt-quatre heures, et d’un total de 66 452 personnes blessées depuis le 7 octobre. Sur le sol israélien, plus de 1 160 personnes sont mortes, en majorité des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) à partir de données officielles israéliennes.
Alors que la guerre ne connaît aucun répit, la diplomatie tente de négocier une seconde trêve, plus longue que celle d’une semaine qui avait été négociée sous l’égide du Qatar, de l’Egypte et des Etats-Unis, et qui avait permis à la fin de novembre la libération d’une centaine d’otages israéliens en échange de Palestiniens emprisonnés par Israël.
Le projet d’une seconde trêve
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, est d’ailleurs encore attendu en Egypte pour discuter d’une proposition élaborée lors d’une réunion à la fin de janvier à Paris entre le chef de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et qataris.
Selon une source du Hamas, la proposition porte sur trois phases, dont la première prévoit une trêve de six semaines. Durant celle-ci, Israël devra libérer 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Gaza, et 200 à 300 camions d’aide humanitaire pourront entrer chaque jour dans le territoire.
Au cours des derniers jours, le Qatar a fait état de « premiers » signes en faveur de la trêve de la part du Hamas, mais le mouvement islamiste palestinien a ensuite affirmé n’avoir pas encore pris de décision quant à cette proposition, souhaitant un cessez-le-feu, et non une nouvelle pause.
La proposition de pause dans les combats a été « approuvée par la partie israélienne », a déclaré cette semaine le porte-parole de la diplomatie du Qatar, Majed Al-Ansari. Mais Israël continue d’affirmer qu’il ne mettra fin définitivement à son offensive à Gaza qu’une fois le mouvement islamiste « éliminé », les otages libérés, et qu’il aura reçu des garanties sur la sécurité future de son territoire.
Le nouveau ministre des affaires étrangères français en tournée dans la région
Le projet de trêve doit, par ailleurs, être au cœur d’une nouvelle tournée au Proche-Orient du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à partir de dimanche, laquelle le conduira au Qatar, en Egypte, en Israël, en Cisjordanie et en Arabie saoudite. Dans la nuit, M. Blinken a dit vouloir travailler, au cours de cette tournée, « à une paix durable dans la région, y compris une sécurité durable pour les Israéliens comme pour les Palestiniens ».
Le nouveau ministre des affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, commence, lui, samedi, sa première tournée dans la région, qui le mènera en Egypte, en Jordanie, en Israël, dans les territoires palestiniens et au Liban. Ce voyage vise à « œuvrer à un cessez-le-feu et à la libération des otages » et « convaincre de rouvrir une perspective politique » reposant sur la solution à deux Etats : un Etat de Palestine viable aux côtés d’Israël, a précisé le porte-parole du ministère, Christophe Lemoine.
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MM. Blinken et Séjourné atterriront dans un Moyen-Orient aux abois, du fait de l’extension de la guerre à Gaza en un conflit plus large entre, d’un côté, Israël et ses alliés, et, de l’autre, l’« axe de la résistance » mené par l’Iran et des mouvements affiliés, comme, outre le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, des milices irakiennes et les rebelles houthistes au Yémen.
Des frappes américaines en Irak
Les Etats-Unis ont, de leur côté, mené pendant la nuit de vendredi à samedi des frappes contre des forces d’élite iraniennes et des groupes pro-iraniens en Irak et en Syrie. Cela en représailles à une attaque, dimanche en Jordanie, fatale à trois militaires américains, attribuée par Washington à des groupes soutenus par l’Iran.
Ce sont 85 cibles au total, sur sept sites différents (trois en Irak et quatre en Syrie), qui ont été visées, selon Washington. D’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), uniquement dans l’est de la Syrie au moins 18 combattants pro-iraniens ont été tués.
Ces frappes ont entraîné « la mort d’un certain nombre de civils et de soldats, des blessures chez d’autres, et des dégâts importants », selon un communiqué de l’armée syrienne. « L’occupation de certaines parties du territoire syrien par les forces américaines ne peut plus durer », a-t-elle ajouté.
Huit drones détruits au large du Yémen par les Etats-Unis qui procèdent à de nouvelles frappes
Du Yémen, les rebelles houthistes ont revendiqué des tirs de missiles balistiques vers le sud d’Israël. L’armée israélienne a assuré, de son côté, avoir intercepté un missile qui s’approchait de son territoire en mer Rouge.
Les Etats-Unis ont annoncé samedi avoir détruit la veille huit drones au large du Yémen et quatre au sol afin de « protéger la liberté de navigation » des attaques des rebelles houthistes contre le trafic maritime qui se sont multipliées ces dernières semaines.
Les frappes ont visé vendredi un drone au-dessus du golfe d’Aden, sept en mer Rouge et quatre autres au sol, situés dans des zones du Yémen contrôlées par les houthistes yéménites, a précisé le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) dans un communiqué.
Samedi soir, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé avoir frappé dans la journée « 36 cibles houthistes dans treize lieux au Yémen en réponse aux attaques continues des houthistes contre le trafic maritime international et commercial ainsi que les navires de guerre transitant par la mer Rouge ».
Washington avait également annoncé plus tôt dans la journée avoir ciblé six missiles antinavires des houthistes « prêts à être lancés contre des navires en mer Rouge ».
Israël dit avoir frappé plus de 3 400 cibles du Hezbollah au Liban, et 50 en Syrie, depuis octobre
L’armée israélienne a affirmé samedi avoir frappé plus de 3 400 cibles liées au Hezbollah dans le sud du Liban, et plus de 50 en Syrie, depuis le début du conflit, en octobre.
Lors d’un point presse, le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari, a ajouté que 200 « terroristes et commandants » avaient été tués au cours de la même période.