A Saïx (Tarn), après quatre jours de tension entre les forces de l’ordre et les anti-A69, un calme relatif règne lundi 19 février à la Crem’Arbre, du nom donné à la zone à défendre (ZAD) par les opposants à cette autoroute qui doit relier Toulouse à Castres d’ici à la fin 2025. Ce petit bois, situé sur le tracé de l’autoroute au lieu-dit de la Crémade, est vide de ses occupants, délogés jeudi par les gendarmes. Seule une poignée de militants grimpeurs – des « écureuils » – sont toujours perchés dans des arbres, déterminés à empêcher leur abattage.
Parmi eux, Pomme, assise sur une branche à plusieurs mètres au-dessus du sol. « Ce projet d’autoroute est impensable à l’heure actuelle », explique cette opposante à l’A69, sous couvert d’anonymat, vêtue d’un pantalon et d’une veste noirs, masque et bonnet de la même couleur.
« Je ne peux pas être ailleurs. C’est impossible », affirme cette militante, profitant de la présence de quelques médias regroupés sur le chemin de la Cremade, car l’accès à la ZAD leur est interdit, pour dénoncer les « conditions difficiles » de leur occupation depuis quelques jours. « Les gendarmes nous éclairent la nuit avec des stroboscopes, ils font du bruit en tapant sur des tôles et en imitant des oiseaux. Ils nous insultent aussi », décrit-elle.
Un autre militant, qui ne souhaite pas décliner son identité, complète : « C’est violent, hallucinant, commente-t-il, avec masque sur le visage. Mais les gendarmes ne nous atteignent pas malgré tous les moyens utilisés et cela nous donne du courage. »
Violents affrontements
Pourtant, Atosca, le concessionnaire de cette autoroute, qui a obtenu en mars 2023 les autorisations environnementales nécessaires de la part des préfectures du Tarn et de la Haute-Garonne pour démarrer le chantier, a fait savoir qu’il comptait reprendre le déboisement de ce terrain qui lui appartient à la mi-février. Et c’est la raison pour laquelle, en milieu de matinée, une vingtaine d’agents de l’entreprise de construction NGE, actionnaire d’Atosca, ont été dépêchés sur place pour procéder, après l’intervention d’un huissier, au nettoyage du camp occupé depuis le 12 novembre 2023.
Chasuble orange sur le dos pour être visibles et mains gantées, ils ont rempli les grands sacs blancs avec des matelas, bouteilles d’eau, tapis, chaises, draps et bâches bleues qui servaient jusque-là à recouvrir des tentes. Une pelleteuse a ensuite achevé le travail, en détruisant les abris aux pieds des arbres.
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Dans l’après-midi, une équipe de dix gendarmes devait « tenter d’entrer en contact au sol et dans les arbres avec ces personnes pour négocier leur descente en toute sécurité, explique au Monde Michel Vilbois, le préfet du Tarn. Ensuite, Atosca [devait vérifier] s’il n’existe pas d’espèces protégées dans cette zone, comme des chiroptères, et procédera à la totalité de la coupe des arbres. »
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