Au lendemain de la venue chaotique du président de la République, Emmanuel Macron, Gabriel Attal a effectué, dimanche 25 février, une visite surprise au Salon de l’agriculture. Le déplacement du premier ministre ne figurait pas à son agenda officiel, mais il était bien présent au dîner d’anniversaire des 60 ans du Salon, dans la soirée dans l’espace La Serre en présence des principaux dirigeants du monde agricole, après la fermeture du site au public.
« Ce salon doit rester ce qu’il a toujours été, une fête nationale, joyeuse et sereine », a-t-il dit lors d’un discours. Il est revenu sur les mesures annoncées la veille par le chef de l’Etat, notamment sur la priorité donnée à la production et à la protection contre la concurrence déloyale, tout en rappelant que « l’exception agricole ne doit pas être une fermeture ».
Succédant à Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN), qui a arpenté les allées dans le calme, contrastant avec les images de la veille, M. Attal a déclaré que « les Français ne sont dupes de rien. Ni de l’instrumentalisation, ni du mensonge, ni de la poudre aux yeux. (…) Le Salon n’est ni un cirque médiatique, ni un cirque politique, ni un cirque militant » et « les agriculteurs, nos bêtes, nos filières ne sont pas un décor de campagne », a insisté le chef du gouvernement, à l’approche des européennes, qui a ensuite défendu son bilan et attaqué le RN. « Notre ennemi, ce n’est pas l’étranger, c’est la loi du marché débridée. » Et « vous qui êtes des professionnels de l’agriculture, vous savez mieux que personne que cette exception agricole ne doit être en aucun cas une fermeture. Car renoncer à commercer, c’est condamner notre agriculture à sombrer », a-t-il déclaré.
L’exécutif cherche à éteindre la crise agricole, qui couvait depuis des mois mais a explosé en janvier. Depuis, MM. Macron et Attal ont multiplié les annonces, sans toutefois à parvenir à convaincre complètement des agriculteurs en attente d’actes.
« C’était le bordel », reconnaît Emmanuel Macron
Dans un entretien au Figaro, dimanche soir, Emmanuel Macron revient sur sa visite mouvementée au Salon de l’agriculture samedi, reconnaissant que « c’était le bordel ». Lundi, il compte tenir une réunion de suivi des engagements avec les ministres concernés. Dans cet entretien, le président critique à nouveau la Coordination rurale. Il rappelle que « des décideurs locaux de la Coordination rurale sont engagés de manière très officielle au Rassemblement national ». Et d’ajouter : « Je ne suis dupe de rien. Le Salon a toujours brassé politiquement, ce n’est pas nouveau. Mais quand vous avez des centaines de gens avec des drapeaux réclamant le Frexit, ce ne sont pas des mouvements agricoles, c’est factuel. » Le leader du RN, Jordan Bardella, a dénoncé chez Emmanuel Macron « une forme de complotisme et de dérive paranoïaque très inquiétante ».
Gabriel Attal reviendra mardi au Salon où il arpentera les allées toute la journée, avec une pause pour les questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Les principaux dirigeants politiques sont attendus cette semaine au Parc des expositions : La France insoumise, le Parti socialiste et Renaissance dès lundi, où leurs représentants croiseront éventuellement le patron des Républicains, Eric Ciotti, et la tête de liste LR pour les élections européennes, François-Xavier Bellamy.
Le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, s’y rendra mercredi, comme le patron des communistes, Fabien Roussel, et sa tête de liste, Léon Desfontaines. Edouard Philippe parcourra, lui, les allées jeudi. La leader d’Europe Ecologie-Les Verts, Marine Tondelier, et la tête de liste du parti pour les européennes, Marie Toussaint, sont quant à elles annoncées vendredi.