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Entre Emmanuel Macron et Gabriel Attal, des tensions latentes

Le premier ministre, Gabriel Attal, et le président de la République, Emmanuel Macron, lors de la cérémonie d’hommage national en l’honneur de Robert Badinter, à Paris, le 14 février 2024.

Gabriel Attal s’est introduit au Salon de l’agriculture aux aurores, par l’entrée discrète réservée aux VIP. Il est un peu plus de 7 heures ce mardi 27 février et tout est calme porte de Versailles. Après les échauffourées et le désordre endurés par Emmanuel Macron, qui a inauguré l’événement trois jours plus tôt, aucune huée n’accompagne la visite du premier ministre. Aucun fracas. Le chef du gouvernement assiste à la traite et goûte le lait fraîchement tiré du pis de la vache, salue Oreillette, l’égérie du Salon ; se laisse parer d’un collier de coquillages dans le pavillon des outre-mer en testant quelques rhums ; arpente celui consacré aux équidés, avant de filer à l’Assemblée nationale, en début d’après-midi, répondre aux questions au gouvernement.

« Il est petit », entend-on lors du passage du premier ministre, alors que les badauds se pressent pour un selfie. La « détresse » et le « malaise » paysan, décrits par le locataire de Matignon, sont bien là. Mais l’agressivité, patente envers le président de la République, semble comme évaporée. « Le contraste [avec le chef de l’Etat], il existe. Il y a quelque chose qui se passe », observe le député (Renaissance) du Rhône Jean-Luc Fugit, qui accompagne le premier ministre.

Gabriel Attal a une explication toute trouvée à cette ambiance plus légère. Les « militants » qui, dénonce-t-il, « sont venus pour mettre du chaos » lors de la visite présidentielle « sont repartis ». « La politique que je porte, les engagements que j’ai pris, c’est mes engagements, mes mesures, mais aussi celles du président de la République. On agit ensemble », poursuit-il.

Un exercice délicat

Exercice de diplomatie et de tactique politiques. Les équipes du premier ministre savent qu’en Macronie, le triomphe de ce dernier doit être modeste. « A aucun moment on ne doit être pris en défaut de fidélité envers le président », théorise-t-on dans l’entourage de Gabriel Attal où l’on sait que préserver la (bonne) entente entre le chef de l’Etat et son premier ministre est, depuis la naissance de la Ve République, un exercice délicat.

La nomination du plus jeune premier ministre depuis 1958 a été présentée par l’Elysée comme le signal de la « régénération » du quinquennat. Gabriel Attal doit avoir l’effet d’un élixir de jouvence sur Emmanuel Macron. Et vite. Propulsé à Matignon il y a plus d’un mois, l’ancien ministre de l’éducation nationale sait que son bail est à durée déterminée et peut se clore dès l’été, si le président de la République le décide. Un éventuel fiasco lors des élections européennes de juin où le Rassemblement national (RN) fait la course en tête, peut sceller son destin à la tête de l’exécutif.

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