Le conflit à bas bruit qui, depuis le lendemain du 7 octobre 2023, oppose le Hezbollah depuis le territoire libanais aux forces israéliennes est en train de sortir du cadre géographique de la zone frontalière, dans lequel il était confiné depuis près de quatre mois, au risque de se transformer en guerre ouverte. L’intensification des tirs du Hezbollah contre le territoire voisin, et la profondeur des frappes israéliennes au Liban, laisse craindre que l’équilibre fragile de la dissuasion ne devienne incontrôlable alors qu’une trêve dans la bande de Gaza, qui pourrait contribuer à calmer le front nord israélien, tarde à se matérialiser.
Mardi 27 février, le nord d’Israël a essuyé le plus grand nombre de roquettes jamais tirées du Liban depuis le début de la guerre – 102 en l’espace d’une journée –, selon le Lobby 1701, un groupe de pression qui milite pour une intervention mettant fin à la menace du Hezbollah dans le nord d’Israël. La veille, en frappant la ville de Baalbek, à plus de 100 kilomètres de la frontière, Israël avait mené ses bombardements sur le Liban les plus en profondeur depuis octobre 2023.
Dans les échanges de tirs, malgré cette montée de la tension, des règles de réciprocité sont encore à l’œuvre. L’escalade, en réalité, n’est souhaitée par aucune des parties. « Le Hezbollah continue de vouloir fixer au nord des troupes et des ressources qui pourraient être employées au sud », indique une source militaire israélienne. Inversement, l’armée israélienne, avec ses frappes, est parvenue à infliger des pertes significatives au mouvement chiite et à faire reculer, au moins temporairement, ses forces d’élite Radwan.
Les deux belligérants privilégient toujours une solution négociée afin d’éviter une guerre qui serait dévastatrice pour chacun d’eux, et qu’il serait difficile à Israël de mener en même temps que les opérations à Gaza. Cependant les efforts de médiation, notamment ceux de la France et des Etats-Unis, ne sont pas encore parvenus à des résultats concrets. Le Hezbollah conditionne l’arrêt de ses opérations contre Israël, menées en soutien au Hamas, à la cessation des hostilités dans l’enclave palestinienne.
« Déstabiliser l’armée israélienne »
Le Parti de Dieu a étendu ses attaques, au-delà de la bande frontalière de dix kilomètres, en réponse à des frappes israéliennes contre des cibles situées en profondeur au Liban, ainsi qu’en Syrie. Le 14 février, le Hezbollah a ainsi tiré des roquettes Katioucha de 122 millimètres sur Safed, une ville sainte pour les juifs et le siège du commandement nord, à treize kilomètres de la frontière. Onze roquettes ont atteint la ville, l’une d’elles tuant une militaire, la sergente Omer Sarah Benjo.
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