Le vote a eu lieu sans heurts, à Paris. Mais l’adoption en première lecture au Sénat, mardi 27 février, de la loi organique reportant de mai à décembre 2024 les élections provinciales de Nouvelle-Calédonie, ouvre paradoxalement une période de tensions.
Voilà le dossier calédonien installé sur la scène politique nationale. Et chacun se prépare activement pour une deuxième étape, plus cruciale : l’examen (le 26 mars au Sénat et le 13 mai à l’Assemblée nationale) du projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour le scrutin local. Le texte propose d’ajouter 25 000 électeurs, privés de droit de vote depuis le gel des listes par dérogation à la règle républicaine nationale en 2009. Le sujet est au cœur des divisions entre indépendantistes et loyalistes, censés se mettre d’accord sur un futur statut du Caillou, depuis 2022.
« C’est toute la question de l’organisation de la vie démocratique de la Nouvelle-Calédonie qui se pose », a rappelé mardi le sénateur Philippe Bas (Les Républicains, Manche), rapporteur de la commission des lois. « Avant l’été, avant les JO, il y aura une réforme constitutionnelle souhaitée par le président de la République », assurait le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin, le 22 février, à Nouméa. Tout en rappelant : « Le gouvernement est prêt à suspendre le processus constitutionnel en cas d’approche d’un accord plus global. »
Mais dans les coulisses, les discussions sur l’avenir des liens de la Nouvelle-Calédonie avec la République ont pris un tour virulent sous la pression des plus extrémistes, avant d’être suspendues. Il n’y aura pas d’accord politique prochainement, admettaient, cette semaine et désormais clairement, chacun de leur côté, les représentants de deux camps adeptes du poker menteur.
Stratégie de la tension
Le gouvernement estime qu’un accord sera favorisé par la révision constitutionnelle : pour échapper au dégel prévu du corps électoral, les indépendantistes seraient alors incités à se mettre autour de la table, et à mieux négocier. Dans cette optique, plusieurs formations opposées à l’indépendance – Les Loyalistes et une partie du Rassemblement (droite) – radicalisent leurs positions, forts de l’appui qu’ils estiment recevoir du gouvernement. Ils vont appeler leurs militants à manifester en mars, en espérant une démonstration de force, « 30 000 personnes au moins », selon le député Renaissance Nicolas Metzdorf, membre de la droite dure caldoche. Certains imaginent reproduire ainsi les manifestations anti-indépendance qui avaient accueilli, en 1985, la visite du président François Mitterrand à Nouméa.
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