« Si Ariel Henry ne démissionne pas, si la communauté internationale continue de le soutenir, nous allons tout droit vers une guerre civile qui conduira à un génocide », a menacé, mardi 5 mars, le chef de gang haïtien Jimmy Chérizier, surnommé « Barbecue », lors d’une interview à la presse, entouré d’hommes armés et cagoulés. « Soit Haïti devient un paradis pour nous tous, soit un enfer pour nous tous », a poursuivi cet ancien policier de 46 ans, placé sous régime de sanctions de l’ONU et considéré comme l’un des chefs de gang les plus influents.
A Haïti, les bandes criminelles, qui contrôlent la majorité de la capitale, Port-au-Prince, ainsi que les routes menant au reste du territoire, s’en prennent ces derniers jours à des sites stratégiques : académie de police, aéroport et plusieurs prisons, d’où ont pu s’évader des milliers de détenus.
Les groupes armés disent vouloir renverser le premier ministre au pouvoir depuis l’assassinat, en 2021, du président Jovenel Moïse et qui aurait dû quitter ses fonctions début février.
Après des mois de tergiversations, le Conseil de sécurité de l’ONU a finalement donné en octobre son accord pour l’envoi en Haïti d’une mission multinationale menée par le Kenya qui veut envoyer 1 000 policiers. Mais son déploiement se fait toujours attendre, notamment en raison d’une décision de la justice kényane.
Enlèvements, snipers sur les toits, violences sexuelles utilisées pour installer la peur… Début janvier, Antonio Guterres s’était dit « consterné » par le « niveau stupéfiant » de la violence des gangs qui ravagent le pays, notant que le nombre d’homicides avait plus que doublé en 2023, avec près de 5 000 personnes tuées, dont 2 700 civils.