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La Banque centrale européenne juge probable une baisse des taux d’intérêt en juin

La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, après une réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE, à Francfort, en Allemagne, le jeudi 7 mars 2024.

Après la plus forte hausse des taux d’intérêt de son histoire entre 2022 et 2023, la Banque centrale européenne (BCE) se prépare à inverser la tendance. Lors de sa conférence de presse, jeudi 7 mars, Christine Lagarde, sa présidente, a clairement laissé entendre qu’une première baisse des taux d’intérêt était probable en juin.

Certes, elle se veut prudente, soulignant que tout dépendra des données économiques publiées d’ici là. Mais la tendance va désormais dans le bon sens. « Nous sommes dans un processus de désinflation, précise Mme Lagarde. Nous étions [en zone euro] à 2,9 % d’inflation en décembre, 2,8 % en janvier, 2,6 % en février. Il y a clairement un déclin et nous faisons de bons progrès [vers un retour à l’objectif officiel de 2 %]. Nous sommes confiants, mais pas encore suffisamment confiants. » Le Conseil des gouverneurs, réuni à Francfort ce jeudi, a donc décidé de ne pas baisser dès maintenant son taux d’intérêt, qui est actuellement à 4 %, mais a officiellement ouvert les discussions sur le sujet.

La question qui intéresse le plus la BCE est celle de l’évolution des salaires. En 2023, ceux-ci ont progressé d’environ 5 %, rattrapant une petite partie du pouvoir d’achat perdu en 2022. Mme Lagarde souligne que cette évolution demeure trop élevée, parce qu’elle a tendance à alimenter l’inflation des services. Celle-ci demeurait de 3,9 % en février (sur douze mois), et elle stagne à ce niveau depuis novembre 2023. Avant de baisser ses taux d’intérêt, l’institution monétaire veut s’assurer que la tendance désinflationniste touche aussi ce secteur.

« Tout pointe vers une baisse des taux en juin »

Cela dépendra notamment du résultat des nombreuses négociations salariales qui se sont ouvertes à travers l’Europe début 2024, comme à chaque début d’année. Mais étant donné que les statistiques sur les salaires ne sont disponibles qu’avec beaucoup de retard, il faudra attendre plusieurs mois pour connaître la tendance précise. « Nous en saurons un peu plus en avril, et beaucoup plus en juin [les deux prochaines réunions de la BCE] », annonce Mme Lagarde.

Dans le langage codé des banquiers centraux, il s’agit d’une indication presque transparente. « Tout pointe vers une baisse des taux en juin », estime Frederik Ducrozet, directeur de la recherche économique à Pictet Wealth Management, une société de gestion. « Les colombes de la BCE préparent leur envol », ajoute Ann-Katrin Petersen, du BlackRock Investment Institute.

Un autre motif poussant à un desserrement de la politique monétaire est la stagnation dans laquelle est entrée l’économie européenne. La BCE a encore revu à la baisse sa prévision de croissance, tablant sur 0,6 % en 2024. En décembre 2023, elle espérait 0,8 %, et en septembre, 1 %. Tous les indicateurs sont en berne, indique Mme Lagarde : « Les consommateurs continuent à restreindre leurs dépenses, les investissements se sont réduits, et les entreprises ont moins exporté, reflétant un ralentissement de la demande extérieure et des pertes de compétitivité. » La croissance devrait être légèrement meilleure dans la deuxième partie de l’année et revenir à 1,5 % en 2025, selon la BCE.

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