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Comment les apps chinoises telles que TikTok, Temu et Shein ont conquis la planète

Des passionnés de TikTok sont rassemblés devant le Capitole, à Washington, pendant le vote de la Chambre des représentants, mercredi 13 mars.

Les vidéos qui s’enchaînent, toujours au goût des utilisateurs, une expérience fluide et addictive. Le secret du succès de TikTok, application la plus téléchargée au monde entre 2020 et 2022, Zhang Yiming, le fondateur de ByteDance, maison mère de TikTok, l’exposait à ses employés dès 2015, lors d’un séminaire d’entreprise. Après les congés du Nouvel An lunaire, le patron avait invité quelques dizaines d’employés sur l’île d’Okinawa, au Japon. Dans un restaurant traditionnel de Naha, l’entrepreneur de la tech, un homme réservé, avec un air de geek, détaille sa vision. Les Chinois sont déjà largement dotés de smartphones et s’éloignent de leurs PC, le débit de l’Internet mobile commence à être suffisant. Zhang veut renverser la manière de toucher l’information : plus besoin de cliquer et de faire des recherches, les nouvelles applications pourraient suggérer automatiquement des contenus au goût des clients.

Ses développeurs allaient devoir plancher sur une application présentant en permanence de nouvelles vidéos à l’utilisateur. ByteDance n’est pas le seul sur le coup, mais l’entreprise a l’avantage d’avoir connu le succès avec Jinri Toutiao, un agrégateur d’informations déjà doté d’un puissant algorithme capable d’apprendre des choix de ses clients pour améliorer les recommandations. « Le modèle d’app basée sur un algorithme d’intelligence artificielle [IA] reposant à 100 % sur les centres d’intérêt des utilisateurs a vraiment émergé en Chine », se souvient Guo Yu, à l’époque l’un des chefs ingénieurs de ce qui n’était alors qu’une start-up, ByteDance.

L’application, lancée fin 2016, baptisée Douyin (« bouger sur la musique », en chinois), et surtout sa version hors des frontières chinoises lancée en 2017, TikTok, se retrouvent au centre de l’attention politique aux Etats-Unis. Mercredi 13 mars, à Washington, les membres de la Chambre des représentants ont voté à une écrasante majorité une loi qui contraindrait ByteDance à vendre TikTok à une entité non chinoise, ou à être interdite. La loi doit encore passer par le Sénat, moins convaincu pour l’instant, mais elle représente un avertissement pour les groupes chinois, à l’heure où l’Amérique et l’Europe s’interrogent sur les risques de leur exposition à la Chine. Trois des quatre applications gratuites les plus téléchargées sur téléphones Android aux Etats-Unis sont actuellement chinoises : Temu, TikTok et Shein, juste derrière WhatsApp, qui appartient à Meta.

Environnement de travail dur

Leur succès montre, contrairement à l’intuition américaine, que l’atmosphère libérale californienne n’est pas la seule d’où peut émerger l’innovation. Les employés des nouveaux champions de la tech chinois décrivent un environnement de travail dur, mais déterminé, avec d’impressionnants résultats. Guo Yu, resté chez ByteDance six ans, de 2014 à 2020, raconte y avoir vécu à un rythme encore plus exigeant que le « 9-9-6 » souvent évoqué dans le secteur en Chine – commencer à 9 heures, finir à 21 heures, six jours sur six. « On commençait plutôt à dix heures, mais on finissait toujours dans la nuit, vers 1 ou 2 heures, y compris le samedi, raconte-t-il. C’est très différent de la Silicon Valley, mais ça s’est révélé déterminant pour concevoir TikTok. »

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