C’est l’histoire de Manon, Lisa, Elisabeth, Djihène, Laura ou encore Eloïse, Kelly, Cornélia et Margaux. Neuf femmes dont le point commun est de souffrir d’endométriose, une maladie gynécologique hormonodépendante inflammatoire chronique qui commence lors des premières règles et s’atténue à la ménopause. Une femme sur dix en âge de procréer est concernée, soit environ 2 millions en France. Cette pathologie se caractérise par la présence de cellules de l’endomètre qui migrent anormalement, pendant le cycle menstruel, vers les organes génitaux (ovaires ou vagin) et parfois le rectum, le côlon, la vessie…
Et puis, il y a Rose, alias Nathalie André, une journaliste du Télégramme de Brest qui s’est aussi beaucoup intéressée aux violences obstétricales. Elle décide de lancer un appel à témoignages sur Facebook. En vingt-quatre heures, elle reçoit 1 055 réponses. Elle part alors à la rencontre de ces femmes qui n’ont pas ou plus envie de se taire.
A l’arrivée, Endogirls est un récit graphique de la journaliste illustré par Violette Suquet, « une enquête sans tabous » sur un sujet resté trop longtemps ignoré des médecins, faute de formation suffisante, mais aussi, l’autrice le souligne, à cause d’un sexisme ambiant et d’une moins bonne prise en charge de la santé des femmes. Ces dernières ne sont-elles pas un peu « douillettes », « hystériques » ou encore « folles » ? Et, du côté des hommes, en quoi « ce problème de filles nous concerne, nous, les mecs » ? Dans une interview, le médecin français Martin Winckler, désormais installé au Canada, et qui a consacré une longue partie de sa vie à la santé des femmes, vient corroborer ce constat.
Des paroles d’experts
Chacun des neuf chapitres traite une problématique incarnée par l’une de ces Endogirls. Ainsi, Manon et l’errance diagnostique – en moyenne, dix ans s’écoulent entre l’apparition des symptômes et l’identification de la maladie – ; Lisa et la douleur insupportable qu’elle doit supporter chaque mois lorsque surviennent ses règles ; Laura et l’impact négatif de l’endométriose sur son quotidien professionnel (de nombreuses femmes sont contraintes de quitter leur emploi et s’orientent vers une activité indépendante). Il y a aussi Elisabeth, frappée de dyspareunie (douleurs ressenties pendant les rapports sexuels), qui évoque son supplice. Selon l’enquête Endovie, rendue publique en décembre 2021, 88 % des femmes interrogées disaient souffrir de dyspareunie et plus d’une sur deux (55 %) en venait à redouter le rapport.
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