Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 heures. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur Humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement ici :
La question de la semaine
« Bonjour, j’ai écouté avec attention votre série avec les politiques, et j’ai été très agacée par la défense de l’autoroute A69 par Mme Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la transition énergétique [au moment de l’enregistrement, elle était encore ministre]. Elle explique que la destruction des arbres sera compensée par des replantations d’arbres et dit même qu’au final cette autoroute n’aura pas d’impact sur le climat. D’où ma question : une nouvelle autoroute peut-elle être neutre en carbone ? ou s’agit-il de greenwashing ? » (Question posée par Mélanie à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr)
Ma réponse : Non, une autoroute ne peut pas être « neutre en carbone ». Agnès Pannier-Runacher a défendu cette autoroute en estimant que sa construction pouvait aider à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre. C’est un pari incertain, qui ne s’appuie sur aucune base scientifique. (Pour en savoir plus sur le projet de l’A69, voici un petit guide pour en débattre réalisé par mes collègues des Décodeurs)
1/Qu’a dit la ministre sur l’autoroute A69 à « Chaleur humaine » ?
Dans l’enregistrement en public diffusé le 11 janvier (que vous pouvez réécouter ici, le passage en question est à la 18e minute), celle qui est alors ministre de la transition énergétique défend la construction de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, qui est contestée par des militants écologistes et des scientifiques du climat (voir ici la lettre de 1 500 scientifiques). Elle explique : « Quand on regarde le projet de près, la question c’est “comment on le fait ce projet” ? Quelle est la compensation qu’on apporte en matière de biodiversité ? Combien d’arbres on plante à côté et combien d’arbres qui vont résister au réchauffement climatique ? Ça aussi, ce sont des enjeux. » Puis elle ajoute : « L’enjeu principal, c’est de construire ces infrastructures et de pouvoir effectivement les utiliser pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre. »
Pour être parfaitement honnête, la ministre ne dit pas que l’autoroute sera neutre en carbone. D’ailleurs, Atosca, qui construit cette route, parle plutôt d’un « chantier bas carbone » et d’une autoroute « à faible impact écologique » (voir ici leurs engagements).
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