Et si le doublement des franchises médicales, ces sommes non remboursées sur les médicaments, qui s’apprêtent à passer le 31 mars à 1 euro par boîte, n’était que le premier épisode d’économies à assumer dans le domaine de la santé ? Le gouvernement l’a clairement laissé entendre ces dernières semaines, en brandissant une nouvelle piste, au moins aussi polémique : interroger le coût des affections « longue durée » (ALD), un dispositif qui bénéficie selon le ministère de la santé à treize millions de patients, dont les soins sont à ce titre pris en charge à 100 % par l’Assurance-maladie.
L’heure est au serrage de vis budgétaire. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, alors qu’il défendait la nécessité de réaliser, en plus des 10 milliards d’euros d’économies annoncés pour 2024, des coupes de 12 milliards d’euros sur le budget 2025, a posé la question sans détour dans nos colonnes le 6 mars : « Comment éviter la dérive sur les dépenses liées aux affections de longue durée, tout en continuant à protéger les patients ? » Le choix des mots n’a pas manqué d’être dénoncé dans les rangs des associations de patients, tout comme le projet, qui touche au remboursement des soins des plus malades parmi les assurés. Quand bien même Bercy n’a rien précisé des modalités envisagées.
Un ballon d’essai ? Le mode opératoire rappelle aux observateurs du monde de la santé celui emprunté, en 2023, pour verser dans le débat le projet d’une baisse des remboursements sur l’achat des médicaments prescrits, ou encore lors de la consultation chez le médecin – les fameuses franchises. Aujourd’hui comme à l’époque, au ministère de la santé, on maintient le flou sur ce qu’on qualifie d’hypothèse, sans toutefois l’écarter. C’est le pas de deux auquel se prête Frédéric Valletoux, un mois après sa nomination comme ministre délégué, alors que, rappelle-t-il, le chantier a été lancé « avant [son] arrivée », dans le cadre des « revues de dépenses » enclenchées par Bercy.
Vieillissement de la population
« Interroger la pertinence et l’utilité du dispositif ne me choque pas », nous explique-t-il, assurant qu’« il est, évidemment, hors de question de moins bien accompagner » ces malades. Plus de personnes âgées, plus de maladies longues, des dépenses qui s’envolent… Le nouveau ministre ne manque pas de mettre en avant que les ALD concernent 20 % des assurés tout en représentant les deux tiers des remboursements. « Aller chercher les dépenses inutiles, c’est un vrai sujet, chaque euro dépensé doit l’être au bénéfice de la santé des Français », dit-il.
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