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« L’union des marchés est-elle la dernière frontière de l’Europe ? »

Le ministre français de l’économie Bruno Le Maire, à Berlin (Allemagne), le 19 mars 2023.

Comme la France, l’Europe ne progresse jamais aussi bien qu’avec une épée dans le dos. Quand les politiques se réveillent, généralement sous la pression des populations. Il a fallu une guerre mondiale pour convaincre de la nécessité de s’unir, des crises monétaires majeures pour mener à l’euro et une épidémie planétaire pour mutualiser ses finances et ses achats de vaccins. La guerre à ses frontières et les perspectives de l’intelligence artificielle vont-elles la pousser à franchir une nouvelle étape ?

« Comment se fait-il que l’Europe ne prenne pas les mêmes initiatives pour financer l’innovation que celles prises pour faire face à la crise du Covid ? », a lancé, mardi 19 mars, depuis Berlin, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire. Il était venu dans la capitale allemande pour évoquer, avec son homologue Christian Lindner, l’union des marchés de capitaux. Un sujet évoqué dès les années 1950, planifié en 2014 par le président de la Commission de l’époque, Jean-Claude Junker, porté par le Royaume-Uni… et perdu dans les sables quand ce dernier a quitté l’Europe. Aujourd’hui, les hommes et les biens circulent librement dans les vingt-sept pays de l’Union, mais pas les capitaux. La dernière frontière de l’Europe ?

Soulever l’enthousiasme

C’est en tout cas la conviction des politiques français. A l’occasion des 10 ans d’Euronext, Emmanuel Macron a, lui aussi, plaidé pour que ce sujet soit une priorité de la prochaine mandature. Stéphane Boujnah, le PDG d’Euronext, se réjouit de cette perspective. L’entreprise qu’il dirige en est une préfiguration puisqu’elle rassemble les Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Dublin, Milan, Oslo et Lisbonne, soit une capitalisation cumulée de plus de 6 000 milliards d’euros.

L’idée de départ de l’union des marchés de capitaux était d’offrir aux entreprises européennes, surtout les PME, un cadre unique et bien plus vaste pour trouver l’argent nécessaire à leur développement, plutôt que de ne dépendre que de la bonne volonté de leurs banquiers. Pas de quoi fasciner les politiques. Pour soulever l’enthousiasme des présidents et ministres, il fallait une urgence plus grande, comme le retour des menaces géopolitiques et de la guerre. Reste à savoir si un renforcement de l’intégration européenne est encore dans le sens de l’histoire ? Les prochaines élections nous apporterons un début de réponse.

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