LA LISTE DE LA MATINALE
Ce mois-ci, les journalistes du Monde ont notamment choisi Dom Juan à son crépuscule, les acrobates déchaînés d’Akoreacro, Nicole Garcia en professeure blessée… A Paris et en région, autant d’occasions de sortir en ce début du printemps.
Opéra
« Le Lac d’argent » : un petit bijou d’humour noir
Qualifié de « bâtard musical » par les nazis, Le Lac d’argent, de Kurt Weill (et Georg Kaiser), créé trois semaines après l’accession d’Hitler au pouvoir, en 1933, sera interdit après seize représentations (Kurt Weill émigrera alors aux Etats-Unis, avant de connaître le succès à Broadway).
Entre opéra et cabaret, ce petit bijou d’humour noir et de théâtre de l’absurde met en scène l’amitié amoureuse d’un policier prussien, Olim, et du prolétaire Séverin, qu’il a blessé lors d’une manifestation. Mené tambour battant par le génial comédien Benny Claessens (qui incarne le policier), ce spectacle époustouflant, salué par le prix du Syndicat français de la critique, doit à la mise en scène subversive de l’Allemand Ersan Mondtag, qui fait ses débuts en France. Les Chœur et Orchestre de l’Opéra national de Lorraine sont dirigés par le jeune chef italien Gaetano Le Coco. M.-A. R.
Opéra national de Lorraine, à Nancy. Du 15 au 20 avril.
Théâtre
« Royan » : Nicole Garcia en fauve blessé
Rencontre au sommet : celle de l’écrivaine Marie NDiaye et de l’actrice Nicole Garcia, dans Royan, créé au Festival d’Avignon en 2021 et aujourd’hui repris au Théâtre de Paris. Les ondes souples et félines de l’écriture de Marie Ndiaye saisissent les échos enfouis d’une vie de femme, professeure de français, qui a cru se protéger des « effluves âcres du malheur », mais dont la tragédie remonte à la surface à l’occasion du suicide d’une de ses élèves. Nicole Garcia l’incarne magnifiquement, avec une dureté de fauve blessé, cette femme aux abois : son jeu âpre et sauvage, aux arêtes cassantes, n’a pas d’équivalent. F. Da.
Théâtre de Paris, Paris, du 17 au 28 avril.
Les projets singuliers de David Geselson
L’auteur et metteur en scène David Geselson trace un sillon délicat dans le théâtre français. En ce mois d’avril, il est doublement présent, avec des projets singuliers. Une pièce pour les vivant-e-s en temps d’extinction, à voir à la MC93 de Bobigny, est issue d’un protocole bien précis : créé en 2021 au Théâtre Vidy de Lausanne par l’autrice Miranda Rose Hall et la metteuse en scène Katie Mitchell, il raconte la sixième extinction de masse sur Terre et les moyens de créer un avenir. En stipulant, pour respecter les conditions d’un spectacle écologique, que celui-ci soit recréé dans chaque pays par une équipe vivant sur place – et donc, ici, par David Geselson.
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