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« La crise des finances publiques rejoint la crise politique »

La crise des finances publiques qui marque la fin du mandat d’Emmanuel Macron n’est pas une nouveauté dans le paysage politique français. Elle fait, au contraire, figure d’épuisant marronnier. La dette publique avait accompagné la fin de règne de Jacques Chirac. Multipliée par cinq depuis 1981, son montant – un peu plus de 1 000 milliards d’euros, soit 66 % de la richesse nationale – avait poussé le ministre de l’économie de l’époque, Thierry Breton, à entreprendre, par le biais du rapport Pébereau, une opération de sensibilisation de l’opinion qui s’était soldée par quelques progrès : entre 2005 et 2007, le déficit public avait été contenu sous la barre des 3 % du produit intérieur brut.

La dette publique s’était réinvitée à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, lorsque, confronté à la crise financière de 2008, son gouvernement avait largement ouvert les vannes budgétaires pour éviter un désastre économique et social, puis s’était retrouvé dans l’obligation d’augmenter les impôts afin de freiner l’emballement des déficits. En cinq ans, l’endettement avait gonflé de plus de 600 milliards d’euros.

La dette publique a empoisonné les cinq ans du mandat de François Hollande, qui s’est retrouvé doublement contraint de réduire les déficits et de restaurer la compétitivité des entreprises, sans avoir eu le temps d’y préparer son camp et sans parvenir véritablement à inverser la tendance. En cinq ans, 366 milliards d’euros d’emprunts se sont encore ajoutés au montant initial.

La dette publique est devenue le problème d’Emmanuel Macron et celui de tous les prétendants à sa succession depuis que la remontée des taux d’intérêt, combinée au ralentissement de la croissance, a mis un terme à l’argent magique et à la fabuleuse aventure du « quoi qu’il en coûte » : 800 milliards d’euros d’emprunts nouveaux, jusqu’à présent indolores. Le triple avertissement de la Cour des comptes, de la Banque de France et de l’Insee, pointant l’urgence de maîtriser la dépense publique pour éviter un effet d’emballement, a mis en exergue la fragilité du pays, désormais endetté à hauteur de plus de 3 000 milliards d’euros, soit 110 % de la richesse nationale.

Chute de la croissance

Pour tardive qu’elle soit, la prise de conscience est réelle. Au sein du gouvernement, d’abord, où la chasse aux économies a brusquement remplacé la succession de lois de programmation et de plans de soutien en tout genre qui faisaient jusqu’à présent l’ordinaire de Bercy. Au sein des oppositions aussi, si l’on fait exception de la posture de résistance de Jean-Luc Mélenchon, à la fois bravache et assez peu développée. Devant un public étudiant, jeudi 28 mars, le fondateur de La France insoumise a résumé l’équation budgétaire de la façon suivante : « On a besoin d’argent, il y a de l’argent, il faut donc le prendre. »

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