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JO 2024 : la saga du nageur Georges Vallerey, héros de la seconde guerre mondiale et médaillé olympique

Le vieux monsieur a posé devant lui la photo en noir et blanc, précieuse relique du roman familial. Il a pris soin d’exhumer ce cliché et quelques coupures de presse annotées, même si, à bientôt 85 ans, sa mémoire est encore une fidèle compagne. Assis dans son salon parisien aux murs grenat, Jacques Vallerey décline un à un les prénoms des membres de la glorieuse brochette, immortalisée dans l’immédiat après-guerre, en 1946, à la piscine des Tourelles, dans le 20e arrondissement de Paris. Il y a là ses parents, endimanchés, et leurs enfants, cinq fils et une fille, tous en maillot de bain, dont « Jacky » lui-même, le benjamin de 7 ans. Près de huit décennies plus tard, c’est le seul membre du clan encore en vie, le dernier témoin d’une époque où, du Maroc à la France, ils étaient surnommés « la Famille poisson ». « La natation, c’était notre sport, on prenait ça pour un amusement », résume cet ancien employé du château de Versailles en tirant le fil de cette singulière histoire.

Toute la tribu vivait alors pour la belle nage, aussi bien l’aîné, Jehan, né en 1925, que Georges-Urbain (1927), Gisèle (1930) ou les jumeaux Guy et Michel (1934). Tous ont brillé dans les lignes d’eau. « L’extraordinaire famille des Vallerey », titre ainsi le quotidien L’Equipe du 26 septembre 1946, ajoutant qu’il s’agit sans doute de « la plus sportive de France ». Les annales le confirment : Jehan fut recordman d’Europe par équipes en nage libre, Gisèle recordwoman du monde du 100 mètres brasse-papillon – à l’époque, la Fédération internationale ne distinguait pas encore les deux nages. Mais le plus doué reste Georges-Urbain, communément appelé « Georges » ou « Yoyo ».

« C’était un grand champion », murmure Jacques, dont les yeux bleu-gris s’embuent à chaque évocation de ce frère emporté par la maladie, à l’âge de 26 ans. Malgré la brièveté de sa carrière, « Yoyo » s’empara sept fois de records d’Europe, compensant sa taille modeste (1,73 mètre) par une morphologie d’athlète.

« Jacky » Vallerey, 85 ans, le plus jeune frère de Georges Vallerey, chez lui à Paris, le 22 février 2024.

Pour prendre la mesure de cette saga, il faut revenir aux origines, et au parcours du père, lui aussi prénommé Georges. C’est avec ce robuste Breton que tout débute, à l’orée du XXe siècle. Ce fils d’amiral est tombé dans la marmite – salée – en apprenant à nager dans le port de Lorient (Morbihan), sa ville d’origine. « Il s’est inscrit aux Jeux olympiques de 1924 en amateur et il a été finaliste sur 100 et 200 mètres brasse », raconte son fils Jacques. Cet été-là, Vallerey père voit la légende de Johnny Weissmuller s’écrire sous ses yeux, dans la piscine des Tourelles. Avant de troquer le maillot pour le pagne, le futur Tarzan hollywoodien éclabousse de toute sa classe l’écrin à ciel ouvert construit pour l’événement, en décrochant trois médailles d’or.

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