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JO de Paris 2024 : le créateur de l’emblème de la compétition porte plainte pour favoritisme et prise illégale d’intérêts

A moins de quatre mois de l’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, le logo de l’événement se retrouve au cœur d’une bataille judiciaire. Le designer Sylvain Boyer, à l’origine de l’emblème de la compétition – un visage féminin, en référence à Marianne, dont les cheveux rappellent la flamme olympique – a saisi la justice, mardi 9 avril, pour des faits de « favoritisme, prise illégale d’intérêts, contrefaçon et recel ». Le Parquet national financier (PNF) confirme au Monde avoir reçu la plainte, qui est « en cours d’analyse » avant une éventuelle ouverture d’enquête « si les allégations en question sont objectivées ou objectivables ».

La plainte, consultée par Le Monde, souligne les conditions dans lesquelles Sylvain Boyer estime avoir été évincé, début 2020, d’un marché qui portait, au-delà de l’emblème, sur la conception de l’identité visuelle des JO, sa déclinaison sur « tous types de supports » et l’accompagnement du comité d’organisation des Jeux (Cojop) sur ces questions.

Un marché remporté en mars 2019 et estimé à près de 1 million d’euros pour une durée prévisionnelle de quatre ans en cas de renouvellement annuel. Après avoir conçu l’emblème et la typographie de l’événement, la société de Sylvain Boyer, Ecobranding, et son partenaire Royalties apprenaient, en janvier 2020, que le marché ne serait finalement pas renouvelé au-delà de la première année.

Nouveau marché

Officiellement, le Cojop a justifié sa décision de ne pas reconduire le marché, début 2020, en raison de « l’évolution des besoins de Paris 2024 », mettant en avant, selon le plaignant, son souhait d’internaliser les missions relatives au marché.

Or, le Cojop a publié dans la foulée un appel d’offres pour un nouveau marché intitulé « création et développement des identités visuelles des marques, labels et assets », reprenant, selon M. Boyer, une partie des missions attribuées précédemment à Ecobranding et Royalties. Ce nouveau marché, auquel M. Boyer n’a pu postuler en raison des critères de sélection imposés par le Cojop, a été in fine remporté en avril 2020 par l’agence W&Cie (devenue aujourd’hui W Conran), filiale du groupe Havas, et Havas Sports & Entertainment.

« Une fois l’emblème créé, le Cojop nous a exclus et a confié la mission à l’agence W&Cie à notre place, fustige Sylvain Boyer. Cette position permettait à l’entreprise de devenir l’agence de communication de nombreux partenaires exclusifs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. » Au moment du non-renouvellement du marché, Royalties et Ecobranding avaient facturé 147 000 euros au Cojop, soit 15 % du budget initial, dont 20 000 euros pour la création et la cession des droits d’auteur de l’emblème.

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