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Faith Ringgold, révoltée de l’art américain, est morte à l’âge de 93 ans

Faith Ringgold, lors d’une conférence sur ses œuvres, à l’occasion d’une exposition au National Museum of Women in the Arts, à Washington, le 19 juin 2013.

L’artiste afro-américaine Faith Ringgold est morte, samedi 13 avril, chez elle à Englewood (New-Jersey), à l’âge de 93 ans. Son œuvre et sa vie sont exemplaires : par l’abondance et l’inventivité de sa création et, tout aussi évidemment, par les obstacles qui lui furent longtemps opposés dans le monde de l’art en raison de la couleur de sa peau et de son sexe, dont elle a fait ses sujets.

Faith Willi Jones naît à Harlem le 8 octobre 1930 dans une famille ouvrière. Son père conduit des camions bennes et sa mère, Willi Posey, est couturière, avant de créer plus tard avec succès sa marque de vêtements. Après la George Washington High School, Faith Jones entreprend des études d’éducation artistique au City College de New-York, discipline qu’elle a dû choisir parce que la spécialité beaux-arts y est alors interdite aux femmes.

Elle en sort diplômée en 1959, ayant reçu des leçons du peintre Robert Gwathmey, connu pour son refus des préjugés racistes. A cette date, elle est déjà mère de deux filles, nées de son mariage en 1950 avec un pianiste de jazz, Robert Earl Wallace, dont elle se sépare en 1954, ayant découvert sa toxicomanie. Il meurt d’une overdose d’héroïne en 1961 et le frère de Faith, Andrew, meurt la même année pour la même raison. En 1962, elle épouse Burdette Ringgold, dont elle a par la suite conservé le nom.

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Elle n’est alors qu’une jeune enseignante en art qui, depuis 1955, exerce dans des collèges de Harlem et du Bronx. Mais elle est déjà lancée dans ce qui apparaît désormais comme la première partie de son œuvre, exclusivement picturale. La figure humaine est omniprésente, aplats de couleurs organisés par un dessin continu et synthétique. Que ces figures féminines et masculines soient noires ou blanches, chaque toile a force d’allégorie. Hypocrisie sociale, patriotisme hystérique, prestige de l’argent, égoïsme indifférent et racisme latent ou affiché : les American People Series, commencées en 1963, sont le miroir de la société nord-américaine contemporaine, portrait d’autant plus efficace que Ringgold refuse tout expressionnisme.

Reconnaissance tardive du MoMA

A ce titre, elle est la contemporaine des artistes pop new-yorkais, mais son pop art est bien plus satirique. Selon ce style net et méthodique, elle peint en 1967 ses premiers grands chefs-d’œuvre : The flag is bleeding (« Le drapeau saigne ») où trois figures, un couple blond et un homme noir, apparaissent en transparence derrière les bandes et les étoiles du drapeau national, et Die (meurt), carnage entre femmes et hommes noirs et blancs constellé de taches de sang. L’œuvre, acquise par le MoMA de New-York, y a été accrochée en 2019 dans la même salle que Les Demoiselles d’Avignon de Picasso : le musée reconnaissait ainsi – tardivement — son importance historique. 1967 est aussi l’année de sa première exposition personnelle, à la Spectrum Gallery.

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