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En Ukraine, la désinformation en ligne inquiète les autorités

« Défendre l’indépendance, la victoire approche ! » est-il écrit sur une affiche dans le centre-ville d’Odessa, en Ukraine, le 17 mars 2024.

Rapide, efficace et peu demandeuse en connexion Internet, l’application Telegram s’est imposée, en un peu plus de deux ans, comme la première source d’information des Ukrainiens. La plate-forme répond parfaitement à la demande d’immédiateté d’un pays en guerre. Elle est un patchwork composé de milliers de canaux d’informations permettant de s’informer de la situation militaire dans le pays tout en suivant les trajectoires des drones et des missiles russes lors d’attaques aériennes.

Mais alors que Kiev tente depuis plusieurs années de se débarrasser des relais d’influence russes dans son pays, Telegram est aussi l’un des derniers ponts numériques entre l’Ukraine et la Russie. Les deux pays s’y livrent une féroce guerre informationnelle.

A mesure que la situation s’aggrave pour l’armée ukrainienne, la liberté totale dont disposent les utilisateurs du réseau pousse certains officiels à tirer le signal d’alarme. Fin mars, un projet de loi visant à mieux réglementer Telegram a même été présenté devant le Parlement.

« Ce qu’il se passe sur Telegram est une grande source de danger pour la sécurité nationale », assure, mercredi 17 avril, Mykyta Potouraev, député au sein du parti présidentiel Serviteur du peuple et signataire du projet de loi. L’élu, également chef de la commission parlementaire pour la politique humanitaire et d’information, milite pour que de nouvelles règles permettent à Kiev de demander des comptes à Telegram afin de contrôler les canaux accusés de faire le jeu de Moscou. Ce que la plate-forme aux 900 millions d’abonnés s’est toujours refusé à faire.

Anonymat total

« Le principal danger est qu’il s’agit d’un réseau qui n’est pratiquement pas modéré », soutient Mykyta Potouraev, par ailleurs convaincu que l’application fondée et dirigée par un citoyen russe (naturalisé français en 2021), Pavel Durov, est contrôlée par le service de renseignement intérieur russe (FSB). Pavel Durov, exilé à Dubaï depuis 2017, dément tout lien avec la Russie, arguant de la neutralité totale de l’application.

La plate-forme s’est malgré tout imposée comme l’application favorite des Ukrainiens. La part de ceux l’utilisant comme source d’information est passée de 21 % en 2021 à 72 % en novembre 2023, selon une enquête de l’organisation de soutien aux médias Usaid-Internews. Si bien que tous les officiels du pays disposent de leurs propres canaux. Mais si Telegram reste très populaire auprès des autorités, elle est aussi critiquée pour son mode de fonctionnement qui permet un anonymat total à des créateurs de contenu. De quoi créer un écosystème où sources fiables et de propagande côtoient des contenus illicites.

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