Emmanuel Macron condamne « avec la plus grande fermeté » les blocages à Sciences Po et dans les universités de manifestants propalestiniens, des actions qui « empêchent le débat », juge-t-il dans un entretien à La Provence et à La Tribune Dimanche publié samedi 4 mai. « Je comprends très bien que ce qui se passe aujourd’hui en particulier à Gaza bouleverse – la France appelle d’ailleurs à un cessez-le-feu immédiat – mais empêcher le débat n’a jamais aidé à la résolution d’un conflit », souligne le chef de l’Etat.
Emmanuel Macron trouve « tout à fait légitime et même sain et rassurant que notre jeunesse puisse dire que l’actualité internationale la touche et qu’elle en débatte », mais « intimer l’ordre à un établissement d’avoir telle ou telle politique par la force et le blocage, empêcher d’autres étudiants d’accéder à un amphithéâtre sous prétexte qu’ils sont juifs, ce n’est pas la République », martèle-t-il.
Le chef de l’Etat est donc « favorable » à l’évacuation par les forces de l’ordre des universités bloquées « à la demande des établissements ». Selon lui, les étudiants qui bloquent les établissements sont « politisés. Certaines formations, comme La France insoumise, ont considéré que c’était une manière pertinente de mener le combat. Il est simplement contreproductif et inacceptable qu’au nom de leurs combats, ils empêchent le débat », tranche-t-il.
Les forces de l’ordre ont évacué vendredi des militants propalestiniens de Sciences Po Paris, mettant rapidement fin à l’occupation du prestigieux établissement. Plusieurs rassemblements et blocages ont eu lieu ces derniers jours sur des sites de Sciences Po et dans des universités, entraînant dans certains cas l’intervention des forces de l’ordre, en écho à une mobilisation en cours sur plusieurs campus aux Etats-Unis.
Le RN « perclus d’incohérences »
Dans ce même entretien, Emmanuel Macron souhaite que le premier ministre, Gabriel Attal, « s’engage au maximum dans la campagne [des européennes] en faisant des débats, des meetings, en allant sur le terrain. C’est ce que je lui ai demandé, comme aussi à l’ensemble du gouvernement ».
Le chef de l’Etat avait déjà enjoint en privé à Gabriel Attal de s’engager davantage dans la campagne la semaine dernière, lui demandant notamment, selon un proche, d’accepter de débattre face au candidat du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella. Cette invitation intervient à un peu plus d’un mois du scrutin, alors que la tête de liste de la majorité, Valérie Hayer, est à la peine dans les sondages, talonnée par le candidat du Parti socialiste et de Place publique, Raphaël Glucksmann.
Interrogé sur l’action du chef du gouvernement, nommé il y a quatre mois, Emmanuel Macron souligne qu’il s’est engagé « sur tous les chantiers sur lesquels [il] lui [a] demandé d’avancer ». « Il est à l’action, au combat avec les qualités qui sont les siennes, que je lui connais et pour lesquelles d’ailleurs j’ai décidé de le nommer à ce poste », dit-il.
Pourquoi le RN est-il à un si haut niveau ? « Il est haut parce qu’il ne gouverne pas et qu’il ne dit rien », qu’il « s’adapte à l’esprit du moment et aux sondages », ne prononçant par exemple « plus un mot » sur la sortie de l’euro, répond le président. « Ils sont perclus d’incohérences. Ils changent de visage en permanence. Un jour le Frexit. Un autre le maintien dans l’Union », tranche-t-il. « Agréger les colères, ce n’est jamais proposer un programme ou dessiner un avenir », assène-t-il encore.
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Interrogé sur les éventuelles conclusions nationales qu’il pourrait tirer du scrutin, alors que le RN a demandé à plusieurs reprises une dissolution s’il gagne les élections, M. Macron évacue : « c’est l’élection des députés européens. La conclusion sera donc d’abord européenne ». « Ce qui m’importe, c’est qu’on ait un agenda européen le plus ambitieux possible parce que nous en avons besoin », dit-il en promettant de « [s’]impliquer ».