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Marc Hecker, directeur adjoint de l’IFRI : « Les mobilisations liées au conflit israélo-palestinien demeurent relativement limitées en France »

Une comparaison historique et géographique du mouvement de solidarité avec les Palestiniens amène à relativiser l’ampleur de la mobilisation actuelle. La mouvance propalestinienne s’est structurée en France à partir de la guerre des Six-Jours autour de quatre sphères. La première était constituée de travailleurs et d’étudiants immigrés, venant du monde arabe. Il y avait parmi eux des Palestiniens, mais ils étaient minoritaires : à l’époque, le panarabisme était en vogue, et l’on parlait davantage de conflit israélo-arabe que de conflit israélo-palestinien.

La deuxième sphère était composée de gaullistes qui, inspirés par la « politique arabe » du général de Gaulle, ont créé l’Association de solidarité franco-arabe. La troisième regroupait des « cathos de gauche » : l’hebdomadaire Témoignage chrétien a contribué à faire connaître la cause palestinienne et a organisé des voyages de solidarité en « Terre sainte ». La quatrième sphère est encore très présente aujourd’hui : il s’agit de l’extrême gauche, qui a appliqué une grille de lecture anti-impérialiste à la situation du Proche-Orient.

Au fil des décennies se sont ajoutés d’autres militants. Un élément remarquable a été la montée d’une solidarité panislamique, la cause palestinienne étant érigée en symbole de l’oppression des musulmans. Dans les années 2000, on a ainsi pu voir des prières de rue dans des manifestations propalestiniennes, à la surprise des militants historiques qui prônaient une « Palestine laïque et démocratique ».

Popularité limitée du Hamas

La victoire du Hamas aux élections législatives de 2006 a fait l’effet d’un séisme. « C’est comme si Arafat était mort une deuxième fois (…). Le réveil est dur », s’est alors exclamé le président de l’Association France Palestine Solidarité, Bernard Ravenel. Certains militants lui ont rétorqué que les militants étrangers n’avaient pas à remettre en question les choix démocratiques du peuple palestinien. Dans les années qui ont suivi, les cortèges organisés à Paris à l’occasion de flambées de violence au Proche-Orient ont permis de prendre la mesure de la popularité limitée du Hamas : ses emblèmes étaient très minoritaires par rapport aux drapeaux palestiniens ou aux symboles de l’extrême gauche.

Notre pays avait tendance, par le passé, à attirer les regards des observateurs étrangers : pourquoi le conflit israélo-palestinien y suscitait-il une telle passion ? Etait-ce lié à l’importance des communautés juive et musulmane ? Aujourd’hui, l’attention se tourne plutôt vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni, où les mobilisations ont pris davantage d’ampleur : la plus grande manifestation propalestinienne à Londres a réuni environ trois cent mille personnes selon la police, soit environ dix fois plus qu’à Paris.

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