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« Une austérité budgétaire à courte vue, dénuée de fondement scientifique solide »

Le gouvernement a publié le 21 février un décret annulant 10 milliards d’euros de crédits dans son budget 2024 afin de contenir le déficit public. La loi de finances 2024 actait déjà une réduction de 16 milliards par rapport à celle de 2023. Vingt milliards d’économies supplémentaires sont annoncées pour 2025.

Responsables de sociétés savantes, nous alertons sur le caractère arbitraire de ces choix qui obèrent notre avenir et se révéleront vraisemblablement inefficaces, alors que d’autres stratégies sont possibles.

La transition écologique est la première victime, avec 2,1 milliards d’euros de coupes. A cela s’ajoute la réduction de 400 millions des dotations du fonds vert finançant la transition écologique des territoires. Or, le rapport Pisani-Ferry-Mahfouz de mai 2023 évaluait à 32 milliards d’euros annuels les financements publics supplémentaires nécessaires pour réussir cette transition.

Dans la moyenne

L’enseignement et la recherche, malgré un sous-investissement chronique, seront aussi amputés respectivement de 700 et 900 millions. Sont donc sacrifiés les secteurs les plus cruciaux pour préparer l’avenir et faire face aux urgences écologique et climatique. Ces coupes renforcent de plus une tendance lourde de réduction des moyens alloués aux services publics malgré l’accroissement de besoins collectifs tels que la massification de l’enseignement supérieur, le vieillissement de la population, l’accroissement des dépenses de santé ou la nécessaire adaptation des logements.

Cette austérité budgétaire à courte vue est dénuée de fondement scientifique solide. Selon les données du Fonds monétaire international (FMI), les économies avancées avaient, en 2022, une dette publique moyenne de 112,5 % de leur produit intérieur brut (PIB).

La France, dans la moyenne avec 112,5 %, reste solvable et se finance sans difficulté : sa dette, comme celle, bien plus élevée (261 %), du Japon, est considérée comme de haute qualité. La trajectoire de la dette ne commande en rien un tel désinvestissement public, d’autant que la dette publique n’est pas qu’un passif : elle construit des actifs (infrastructures, participations, etc.) dont la valeur, selon l’Insee (145 % du PIB), est largement supérieure au passif.

Des bénéfices supérieurs aux coûts

L’accroissement de la dette pour la construction d’actifs se justifie d’autant plus dans le contexte de la lutte contre les dérèglements climatiques, pour lequel le coût de l’anticipation est très inférieur au coût de l’inaction. Comme le met en évidence le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), investir pour ce dernier induit des bénéfices économiques supérieurs aux coûts engendrés, et ce d’autant plus que cet investissement commence tôt. Il faut pour cela investir dans la recherche dans toutes les disciplines. Le rapport 2024 de la Cour des comptes souligne « [qu’]au regard des besoins croissants d’expertise dans le domaine de l’adaptation, les viviers scientifiques demeurent sous-dimensionnés ».

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