Environ 30 000 Géorgiens opposés à un projet de loi controversé voté la veille au Parlement, qui menace d’entraver l’adhésion du pays à l’Union européenne (UE), se sont à nouveau rassemblés dans la soirée du mercredi 15 mai dans le centre de la capitale, Tbilissi, selon l’Agence France-Presse (AFP).
Les ministres des affaires étrangères de l’Estonie, de l’Islande et de la Lituanie, en visite dans le pays, se sont joints à la marche vers le lieu de la manifestation, avant de s’adresser à la foule en signe de solidarité avec les manifestants.
Au lendemain de ce vote, l’OTAN, la Commission européenne et l’Organisation des nations unies (ONU) ont condamné cette initiative du gouvernement. Les manifestations contre ce texte, inspiré d’une législation en vigueur en Russie pour réprimer l’opposition et qui cible les médias et les ONG recevant des fonds étrangers, durent depuis plus d’un mois. Les défilés rassemblent des foules considérables brandissant des drapeaux européens, ukrainiens et géorgiens et scandant des slogans contre la Russie, qui a fait la guerre à la Géorgie en 2008.
Des milliers de personnes ont commencé, mercredi soir, à bloquer un important carrefour à Tbilissi, paralysant la circulation dans les quartiers centraux de la capitale. « Nous descendons dans la rue jour après jour depuis plus d’un mois et nous ne reculerons pas tant que cette loi russe ne sera pas abrogée », a déclaré à l’AFP Anuka Liparteliani, une étudiante de 19 ans. « Et à l’automne, nous chasserons ce gouvernement prorusse », a-t-elle ajouté, en référence aux élections législatives prévues en octobre.
Des manifestations ont également eu lieu dans les villes de Kutaisi et Tsalenjikha, dans l’ouest du pays. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, au nom de la Commission européenne, a appelé la Géorgie à « retirer » cette loi, jugée contraire aux « valeurs » et aux « normes essentielles » de l’UE.
« Un impact important sur la liberté d’expression »
Le vote de ce texte a « un impact négatif » sur le processus d’adhésion de cet Etat à l’UE, a souligné Josep Borrell dans un communiqué. La Géorgie est officiellement candidate à l’entrée dans l’UE depuis décembre 2023. Elle aspire également à rejoindre l’OTAN, dont la porte-parole, Farah Dakhlallah, a dénoncé une mesure qui l’« éloigne » de son « intégration européenne et euro-atlantique ».
La présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, une proeuropéenne en conflit ouvert avec le gouvernement, devrait mettre son veto à la nouvelle loi mais le parti au pouvoir, Rêve géorgien, assure avoir assez de voix au Parlement pour passer outre.
« Les impacts [de la loi] sur les droits à la liberté d’expression et d’association en Géorgie risquent malheureusement désormais d’être importants », a regretté pour sa part le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk.
Les Etats-Unis avaient réagi dès mardi en avertissant qu’ils pourraient « réévaluer » leurs relations avec la Géorgie. Les ministres des affaires étrangères letton, estonien, lituanien et islandais se sont quant à eux rendus mercredi à Tbilissi pour faire part de leur inquiétude.
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La présidente Zourabichvili a proposé des amendements au projet de loi mais a mis en garde, pendant cette conférence de presse avec les représentants balte et islandais, contre toute négociation « artificielle ». Le premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidzé, s’est dit pour sa part prêt à évoquer de possibles modifications.
En l’état actuel, le texte impose à toute ONG ou à tout média recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger de s’enregistrer en tant qu’« organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère » et de se soumettre à un contrôle administratif.