« Nous avons terminé les semis de betterave, début mai, avec près d’un mois de retard. Il nous reste encore le maïs. Mais hier, je suis resté enlisé avec le tracteur », raconte Nicolas Galpin, agriculteur à Auvernaux, dans l’Essonne, contraint de jongler, ce printemps, avec les épisodes de pluie à répétition qui perturbent le travail des champs.
Il ne se souvient pas avoir vécu une telle situation depuis qu’il s’est installé avec son épouse sur l’exploitation familiale, en 2002. Une installation qui s’est faite en deux temps, puisque son père n’a complètement lâché les rênes qu’en 2011, lors de son départ à la retraite. Le passage de témoin s’est effectué sans agrandissement sur cette ferme, qui comptait déjà 218 hectares lorsque le grand-père de M. Galpin en était le fermier. Elle appartenait alors à un industriel du papier peint. Lorsque ses descendants l’ont vendue, M. Galpin a acheté les bâtiments, son père la moitié des terres. L’autre moitié des surfaces est louée à différents propriétaires.
« A part l’autoroute qui a traversé les parcelles dans les années 1960 et un lotissement qui a croqué un hectare, la ferme n’a pas bougé. Sa taille était atypique pour l’époque », souligne le producteur. Mais si les contours ont perduré, l’exploitation agricole a été profondément remaniée avec le changement de génération. Le céréalier a fait le choix d’arrêter de labourer les terres pour cultiver betterave, blé ou orge. Une manière de préserver les sols et d’éviter l’érosion. Cette stratégie entraîne toutefois une dépendance au glyphosate, un herbicide controversé, utilisé pour désherber les champs entre deux cultures.
Label bas carbone
M. Galpin a également élargi l’éventail des productions. Il a d’abord introduit le colza et des intercultures, puis, il y a sept ans, des légumineuses comme le quinoa ou les lentilles et, trois ans plus tard, du maïs. Il élève également soixante brebis et produit du miel.
Un modèle agronomique qui lui vaut d’avoir été sélectionné par sa coopérative céréalière Axéréal pour décrocher, en 2022, le label bas carbone. « Je suis devenu séquestrateur de carbone, car j’en stocke plus que j’en émets. Soit l’équivalent de 150 tonnes de CO₂ en 2022 et de 106 tonnes en 2023. Je touche ainsi entre 2 500 et 3 000 euros par an », explique-t-il. En retour, il devra débourser 800 euros pour le prochain audit annuel, financé les deux premières années par la coopérative. Le label bas carbone lui permet également de mieux valoriser son orge brassicole en obtenant 25 euros de plus par tonne. A cela s’ajoute, pour ses pratiques, un bonus de 1 500 euros par an, versé par la coopérative sucrière Cristal Union, à qui il livre ses betteraves.
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