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Nouvelle-Calédonie : « Emmanuel Macron doit maintenant écouter les Kanak »

La manière dont la France gérera les violences en Nouvelle-Calédonie n’affectera pas que son prestige dans l’archipel, mais aussi dans l’ensemble de la région Pacifique et l’Indo-Pacifique. Les affrontements risquent d’entraîner un retour tragique à la situation d’avant les accords de paix, avec les effusions de sang que l’on a connues dans les années 1980.

Les blessures restent profondes. Si ces accords ont été une réussite, c’est notamment parce que l’Etat français, les loyalistes et les indépendantistes ont sans cesse consenti à des compromis. Leur confiance en ces accords, qu’ils considéraient comme une potentielle voie vers l’autodétermination, a permis à l’Etat français d’organiser trois référendums entre 2018 et 2021. Les deux premiers ont été impeccables, avec respectivement 56,7 % et 53,3 % des voix opposées à l’indépendance.

Mais, lors du troisième vote, en 2021, l’Etat français a failli : il a maintenu la date du scrutin sans tenir compte des demandes de report de la population autochtone. A l’époque, le Covid-19 avait fait plusieurs centaines de morts chez les Kanak. Leurs chefs expliquaient que les longues cérémonies funéraires empêchaient de faire campagne et de se rendre aux urnes. Face au boycott kanak, les loyalistes ont raflé 96,5 % des voix, une victoire à la Pyrrhus.

Depuis, la division ne fait que s’aggraver. D’un côté, les loyalistes martèlent que le vote était légal et entendent cimenter la place de l’archipel au sein de la France. De l’autre, les groupes indépendantistes rejettent ce troisième référendum et souhaitent que l’on en organise un autre. Quand, en juillet 2023, Emmanuel Macron, sur place, a offert un « chemin du pardon » pour surmonter le passé, les indépendantistes ne sont pas venus l’écouter.

Profonde détresse de la nouvelle génération

Le président français a alors menacé d’agir unilatéralement tant que les parties prenantes locales ne seraient pas parvenues à un accord. En décembre 2023, des discussions informelles ont eu lieu entre plusieurs parties de chaque camp, laissant apparaître de profondes divergences, y compris sur le corps électoral.

Les manifestations kanak ont dégénéré en violents affrontements le jour où, à Paris, l’Assemblée nationale examinait le projet de révision constitutionnelle pour élargir le corps électoral unilatéralement faute d’un accord avant juin. L’ampleur des destructions perpétrées par la jeunesse kanak est un signe, non seulement pour la France et les loyalistes qu’elle a directement pris pour cibles, mais aussi pour les chefs kanak ainsi que les pays voisins, de la profonde détresse de cette nouvelle génération, laissée pour compte.

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