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Aides à domicile : à Boulogne-Billancourt, un espace partagé pour « souffler un peu », manger chaud, se rencontrer

Parquet, grandes baies vitrées, tables en pin clair, fauteuils en osier, canapés confortables en velours de couleur… L’endroit ressemble à l’un de ces espaces de coworking à la mode. Sauf qu’ici, on ne partage pas le lieu de travail, mais le temps de repos : Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) a aménagé ces 300 mètres carrés pour les salariés qui travaillent dans la ville en « horaires discontinus », avec de larges plages de temps libre, non rémunéré, entre deux vacations.

Lors de la visite du Monde, une dizaine de personnes s’y côtoient dans une ambiance chaleureuse. Des femmes, aides à domicile pour la plupart, qui ont fini leur tournée du matin, et ont deux ou trois heures à attendre avant celle du soir. Moureen (les intervenantes n’ont pas donné leur nom de famille), 37 ans, retire ses chaussures avant de s’allonger faire une sieste – il y a plusieurs transats pour cela. Dans la cuisine comme neuve, Mimi réchauffe les restes de riz et de poulet de son dîner de la veille : « Ça me permet d’économiser le prix d’un sandwich ou d’un plat à emporter. » Installée à une table, Marceline (le prénom a été changé), 63 ans, feuillette Le Nouveau Détective et Ici Paris. Colette, 56 ans, est en longue conversation téléphonique, connectée au Wi-Fi.

Elles travaillent pour un ou plusieurs employeurs auprès d’une dizaine de personnes âgées dépendantes qu’elles doivent lever, laver, nourrir, emmener en promenade ou faire leurs courses, et, le soir, faire dîner et « mettre au lit ». Des interventions qui demandent une disponibilité aux deux extrémités de la journée.

Louise Bot Ba Njock est auxiliaire de vie et garde d’enfant. Elle vit en Seine-et-Marne et n’a donc pas le temps de rentrer chez elle entre deux services à la personne. A Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le 17 mai 2024.

« Ça te prend toute la journée »

Leurs plannings témoignent d’une énorme amplitude horaire : elles commencent parfois à 7 ou 8 heures pour finir après 19 ou 20 heures. Avec, au milieu, une coupure plus ou moins longue. « Certains jours, je travaille jusqu’à 14 heures, mais je n’ai plus rien avant 18 heures », raconte l’une d’entre elles. « Moi, ce matin, j’avais une heure, de 8 h 30 à 9 h 30, puis je reprends de 15 heures à 19 heures, explique une autre. Parfois, tu as trois heures de travail payées, mais ça te prend toute la journée ! »

Selon les chiffres de la direction des statistiques et de la recherche du ministère du travail, relevés dans le livre Aide à domicile, un métier en souffrance (François-Xavier Devetter, Annie Dussuet et Emmanuelle Puissant, Ed. de l’Atelier, 2023), « lorsqu’on rapporte le temps décompté comme travail effectif à l’amplitude de leur journée de travail, on s’aperçoit qu’il représente moins de 57 %, contre 84 % pour l’ensemble des salariés. Autrement dit, la journée d’une aide à domicile n’est payée qu’à hauteur de deux tiers de sa durée ».

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