Sur la Croisette, face à la Méditerranée, les marques haut de gamme sont chez elles. Pourtant, derrière les paillettes, l’enfilade de yachts, les soirées au champagne et les tenues glamours, l’inflation fait aussi partie du tableau. A chaque Festival, Cannes voit la population tripler et ses tarifs enfler. « Nous sommes sur un événement exceptionnel, avec des prix allant de 250 à 500 euros pour les trois à quatre étoiles, et autour de 1 000 euros en moyenne la nuit sur la Croisette », décrit Christine Welter, à la tête du syndicat des hôteliers de Cannes. Pendant ce type d’événement les prix des hôtels peuvent bondir de 200 % à 300 % par rapport à ceux d’un week-end classique, rappelle Vanguelis Panayotis, patron du cabinet d’études MKG, spécialisé dans l’hôtellerie.
Si les festivaliers américains s’y retrouvent, compte tenu des prix encore plus exorbitants chez eux, pour d’autres la débrouille s’impose. « D’année en année, c’est toujours plus cher, regrette Enes, un organisateur venant de Turquie. L’an prochain nous serons obligés de réduire le nombre de participants. » L’équipe, qui loge à deux kilomètres de la ville, fait « ses courses chez Carrefour » et « se nourrit de pizzas » plutôt que d’aller au restaurant.
De son côté, Gabrielle, une enseignante allemande qui développe des ateliers cinéma dans son lycée, dit ne pas pouvoir venir avec ses élèves. « Certains parents ne pourraient pas se le permettre », souligne-t-elle, alors que son budget pour cinq jours atteint 800 euros par personne « sans compter le prix des billets de train ». Faute de pouvoir se loger à Cannes, elle a loué un logement sur Airbnb à Vallauris, loin du centre-ville, avec neuf autres professeurs.
Cité des festivals
La ville accueille 3 millions de visiteurs par an, dont 115 000 au moment du Festival. Au-delà du film, pas moins de 72 événements professionnels se succèdent chaque année. « En 2023, pour la première fois cela a constitué 1 milliard d’euros de retombées directes et indirectes pour le territoire, dont 205 millions pour le seul festival de films, pour lequel nous devrions enregistrer un montant a minima aussi élevé cette année », souligne Thomas de Pariente, adjoint au maire chargé notamment du tourisme et de l’événementiel.
Le Festival amène aussi son lot de nouveaux touristes étrangers. L’an dernier, du fait de « l’hyper présence des grands blockbusters », dont Indiana Jones et le cadran de la destinée, les Américains ont ainsi constitué la première clientèle étrangère des hôtels de luxe. L’ouverture de lignes directes entre New York et Nice, mais aussi Philadelphie, Atlanta et Montréal, a généré un nouvel attrait pour la ville après les années de pandémie.
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