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Nouvelle-Calédonie : « Le président de la République ne doit pas convoquer le Congrès à Versailles », alerte la maire de Nouméa

Emmanuel Macron et la maire de Nouméa, Sonia Lagarde, sur la place des Cocotiers à Nouméa, le 26 juillet 2023.

Maire de Nouméa depuis 2014, Sonia Lagarde, 75 ans, est une personnalité politique atypique du camp non indépendantiste calédonien. Petite-fille de bagnard, cette ancienne députée centriste (Union des démocrates et indépendants) a été un soutien de la première heure du candidat Emmanuel Macron en 2017.

Accusée par les loyalistes d’avoir œuvré, lors des sénatoriales de septembre 2023, pour l’élection de l’indépendantiste Robert Xowie et de Georges Naturel (Les Républicains, LR) face à l’ancienne secrétaire d’Etat Sonia Backès, elle a alors perdu la présidence de l’Association française des maires de Nouvelle-Calédonie, le 25 avril.

Au moment où la ville est dévastée par une semaine d’émeutes, Mme Lagarde demande une mission du dialogue et la suspension de la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral. Conditions, selon elle, du retour au calme. Elle demande de ne pas « y aller en force », alors qu’Emmanuel Macron a posé un ultimatum : à moins d’un improbable accord entre indépendantistes et loyalistes, le texte voté à l’Assemblée et au Sénat doit désormais être adopté par les deux Chambres réunies en Congrès à Versailles « avant la fin juin », a prévenu le chef de l’Etat.

Nouméa est la ville la plus touchée par les émeutes. Quelle est l’ampleur des dégâts ?

Ils sont considérables. Il y a eu un premier chiffrage à 200 millions d’euros, mais c’est beaucoup plus que ça. Enormément d’entreprises sont détruites, mais aussi des supermarchés, des concessions automobiles, nos médiathèques. Il y a des tranchées sur les routes. La priorité, c’est de rétablir les axes pour aller voir sur le terrain l’ampleur du désastre, car on ne peut pas encore se rendre partout. Ensuite, il faudra nettoyer, mais les ateliers municipaux ont été incendiés, le parc automobile municipal aussi.

Est-ce que vous vous attendiez à une telle flambée de violence ?

J’étais très inquiète, depuis plusieurs mois. Je me disais que cela allait finir par péter, par mal se passer. Je ne crois pas avoir été entendue. Et quand je vois tout ça, moi qui suis maire depuis dix ans, qui ai entrepris un travail acharné pour que cette ville devienne agréable à vivre, je suis désabusée, en colère et triste. Tout le travail mené avec notre jeunesse est anéanti.

Qu’est-ce qui vous a fait comprendre qu’il y avait un risque de d’embrasement ?

Les discours politiques se sont radicalisés depuis un bon moment, de part et d’autre. Avec une espèce de loi du talion, où chacun a répliqué systématiquement, dans l’invective. On est allé se mesurer dans les rues, on est allé sur des camions pour dire : « On va foutre le bordel ! » [en référence aux propos de la présidente loyaliste de la province Sud et ancienne secrétaire d’Etat, Sonia Backès, au cours d’une manifestation non indépendantiste].

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