D’après des informations du Canard enchaîné et confirmé par franceinfo, mardi, les services russes seraient derrière les tags de mains rouges retrouvés mi-mai sur le « Mur des Justes » à l’extérieur du Mémorial de la Shoah à Paris.
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Plus d’une semaine après la profanation du « Mur des Justes » à l’extérieur du Mémorial de la Shoah et sur plusieurs bâtiments du quartier historique juif à Paris, les enquêteurs privilégiaient, mardi 21 mai, la piste d’une déstabilisation en provenance de la Russie, selon des informations du Canard enchaîné.
D’après l’hebdomadaire, les deux tagueurs supposés sont des ressortissants bulgares ainsi que leur complice chargé de filmer la scène. Les enquêteurs ont en effet pu retracer le parcours des suspects grâce aux images de vidéosurveillance. Sur celles-ci, on peut les voir, dans la nuit du 13 au 14 mai, taguer le « Mur des Justes » avec des mains rouges. Franceinfo rapporte également que les enquêteurs ont rapidement pu les identifier grâce à leur téléphonie.
Ce mode opératoire rappelle la découverte en octobre dernier d’étoiles de David taguées sur des immeubles en région parisienne. L’affaire, pour laquelle un couple de Moldaves a été interpellé, a finalement aussi été imputée par les autorités françaises à une opération pilotée par les services de sécurité russes (FSB).
« Porter atteinte à la mémoire de ces héros »
« Dégrader le Mur des Justes parmi les Nations, barrage des Lumières contre le nazisme, c’est porter atteinte à la mémoire de ces héros comme à celle des victimes de la Shoah », avait déclaré le président Emmanuel Macron sur X. « La République, comme toujours, demeurera inflexible face à l’odieux antisémitisme », a-t-ajouté.
Dégrader le Mur des Justes parmi les Nations, barrage des Lumières contre le nazisme, c’est porter atteinte à la mémoire de ces héros comme à celle des victimes de la Shoah.
La République, comme toujours, demeurera inflexible face à l’odieux antisémitisme.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 14, 2024
Plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées dans la soirée à l’extérieur du Mémorial de la Shoah pour dénoncer un acte de « profanation ».
« Toucher à la mémoire des Justes, c’est toucher à la mémoire de la République », a lancé Sarah Aizenman, la présidente du collectif « Nous vivrons » à l’initiative du rassemblement.
Plusieurs centaines de personnes avaient répondu à l’appel, parmi lesquelles des élus parisiens, le président du Crif, Yonathan Arfi, et la rabbin et écrivaine Delphine Horvilleur.
« Cet acte est la lâcheté même. Ce n’est pas une dégradation, c’est une profanation », a estimé Patrick Klugman, président du Comité français pour Yad Vashem.
Pour Valérie Segal, 62 ans, petite fille de déportés juifs, « ces mains rouges, c’est comme si on tuait mes grands-parents une deuxième fois ».
D’autres lieux tagués
Les tags ont été découverts un peu avant 4 h 00 par des agents de sécurité du mémorial. Peints sur ce « Mur des Justes » qui se situe dans l’allée jouxtant le Mémorial, ils ont été effacés en fin de matinée.
Une dizaine d’autres lieux ont également été tagués dans le quartier du Marais, du « type écoles ou crèches », a indiqué à l’AFP Ariel Weil, le maire PS de Paris Centre, secteur qui regroupe les quatre premiers arrondissements de la capitale.
La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, qui a condamné des « actes inqualifiables », a indiqué avoir procédé au signalement à la procureure de Paris de ces actes « potentiellement constitutifs du délit d’injure publique à caractère antisémite ».
« Nous allons porter plainte systématiquement dans tous les endroits où ces symboles seront posés », a ajouté Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris, venu dire son « effroi » face à cette « profanation » qui lui a rappelé celle du cimetière de Carpentras en 1990.
Le symbole des mains rouges avait été au cœur d’une polémique fin avril lorsque des étudiants de Sciences-Po Paris avaient exhibé leurs paumes peintes en rouge devant l’école, comme un appel au cessez-le-feu dans la bande de Gaza, selon eux. Mais plusieurs voix s’étaient élevées pour dénoncer une allusion au lynchage de deux soldats israéliens à Ramallah en 2000 par des Palestiniens.
Cet acte est survenu sur fond de flambée des actes antisémites, +300 % à 366, selon le Premier ministre Gabriel Attal.
Il a soulevé une vive émotion au sein de la communauté juive, d’autant plus forte que les tags ont été découverts le jour anniversaire de la « Rafle du billet vert » qui avait constitué la première arrestation massive de juifs le 14 mai 1941 à Paris.
Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, a dénoncé un « odieux outrage à la mémoire de millions de personnes mortes pendant la Shoah » et le Congrès juif mondial a condamné sur X un « vandalisme antisémite ».
Avec AFP