Pour le camp présidentiel, ils font office de capteurs dans la crise néo-calédonienne. Philippe Dunoyer, élu non indépendantiste de droite modérée, et Nicolas Metzdorf, figure du camp loyaliste, sont les deux députés Renaissance du territoire ultramarin en proie à un climat insurrectionnel depuis l’adoption, dans la nuit du 14 au 15 mai, de la révision constitutionnelle en faveur du dégel du corps électoral tant décriée par les indépendantistes.
Tous deux ont joué un rôle de premier plan dans le processus parlementaire à l’origine de la crise qui secoue le Caillou : le premier a été rapporteur du projet de loi organique qui prévoit le report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie d’ici au 15 décembre 2024, le second sur le projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral.
A posteriori, leurs nominations aux postes de rapporteurs sur ces textes cruciaux par le président du groupe Renaissance à l’Assemblée Sylvain Maillard sont perçues comme une « erreur » jusqu’au sein du camp présidentiel, car elles ont donné corps aux critiques sur l’impartialité de l’exécutif dans le dossier calédonien.
Qu’à cela ne tienne, c’est l’un après l’autre que les deux élus du groupe Renaissance se sont exprimés, mardi 21 mai, en réunion de groupe depuis Nouméa par visioconférence, pour témoigner de leurs inquiétudes communes, mais aussi de leurs profondes divergences sur la marche à suivre pour une sortie de crise.
Au moins 1 milliard d’euros de dégâts
Devant leurs collègues macronistes, les deux élus se sont montrés particulièrement alarmistes, ne voyant pas d’« apaisement » à l’horizon, mais une « zone de très grand danger pour l’ordre public ». Des témoignages qui contrastent avec l’optimisme relatif du chef de l’Etat, qui a souligné « de nets progrès dans le rétablissement de l’ordre » lundi soir lors du troisième conseil de défense tenu en moins d’une semaine, et ce, malgré un bilan de six morts dont deux gendarmes, et des dégâts désormais estimés au bas mot à 1 milliard d’euros par la chambre de commerce et d’industrie de Nouvelle-Calédonie.
Jusqu’ici dans les débats parlementaires, en commission ou dans l’Hémicycle, les deux députés calédoniens avaient évité d’apparaître en contradiction. Aujourd’hui, le paradoxe qui voit ces deux élus du camp présidentiel de plus en plus divisés sur la question de l’avenir institutionnel du territoire éclate au grand jour, laissant entrevoir les fractures qui traversent le camp des non-indépendantistes.
Philippe Dunoyer a de nouveau plaidé mardi devant ses collègues pour le report de la convocation du Congrès devant entériner la réforme du corps électoral. Une position appuyée par de nombreux élus du camp présidentiel, dont la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui a redit son soutien à un report du Congrès prévu « avant la fin juin » conformément à la volonté d’Emmanuel Macron. L’élue des Yvelines conditionne toutefois son ajournement au « retour à l’ordre » ainsi qu’à la mise en place de négociations formelles entre indépendantistes et loyalistes sous l’égide de l’Etat.
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