Ce 23 mai restera une date importante pour Clocheville. L’un des trois groupes froids défectueux, sur les quatre que compte l’hôpital pour enfants de Tours (Indre-et-Loire), devait enfin être remplacé. Cette machine toute neuve, d’une valeur de 400 000 euros, permettra de refroidir correctement une partie des bâtiments. Un signe encourageant à l’heure où se tiennent les Assises de la pédiatrie, à Paris (le 24 mai), et un espoir de retour progressif à la normale pour les employés et les usagers de cet établissement reconnu du centre-ville.
Car, après un été où les températures ont atteint 32 °C dans les chambres, le personnel soignant de Gatien-de-Clocheville s’est mis en grève, le 2 octobre 2023, pour dénoncer les conditions de travail et d’accueil des patients. Seules des affichettes placardées ici et là permettent de le savoir puisque, comme c’est l’usage dans les hôpitaux publics, personne ne quitte son poste dans ces cas-là.
« Les collègues devaient mettre de la glace sous leur blouse pour supporter la chaleur ! En pédiatrie, il faut souvent suivre de lourdes mesures d’hygiène, porter des surblouses : c’était insupportable », se remémore Anita Garnier, infirmière de nuit au CHRU de Tours et membre du syndicat SUD-Santé, qui dénonce aussi « des arrêts maladie pas remplacés, un non-respect des plannings » et, plus généralement, « une mauvaise anticipation des périodes de pression dans les services ».
En septembre, une banderole « Vos enfants sont en danger » barrait la façade des urgences. Elle a été retirée depuis. « C’était provocateur, les enfants sont la priorité de tous ici », défend le chirurgien pédiatrique Hubert Lardy, également chef du service de chirurgie viscérale, tout en jugeant que, « aujourd’hui, malheureusement, la santé n’est plus sanctuarisée, elle est gérée à Bercy et plus au ministère de la santé ».
Un manque criant de lits
Le 15 janvier, une équipe du « 20 heures » de France 2 s’est infiltrée en caméra cachée dans Clocheville pour rendre compte de sa vétusté. Une image a marqué les esprits. « Une collègue a été filmée sans qu’elle le sache. Elle disait qu’elle ne pouvait pas prendre le temps de s’occuper d’un enfant qui pleurait dans son lit », explique une puéricultrice des urgences. « Nous avons été peinés de voir ce sujet : il donne l’impression que les enfants sont maltraités. C’est faux, les services de l’hôpital pédiatrique sont remarquables et une référence dans plusieurs spécialités, comme la neurochirurgie », affirme Hubert Lardy, signataire de plusieurs courriers en soutien au mouvement social.
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