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La Cour suprême des Etats-Unis voit sa crédibilité un peu plus mise à mal par la découverte des drapeaux trumpistes chez l’un de ses juges

LETTRE DE WASHINGTON

Le juge conservateur à la Cour suprême des Etats-Unis, Samuel Alito, dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 23 juillet 2019.

Une façade de maison en briques. Une voiture grise devant la porte du garage. Une palissade. Banalité absolue d’un quartier cossu à Alexandria, ville de l’Etat de Virginie située près de Washington. Mais un détail au milieu de la photo écrase cet environnement paisible. Un drapeau des Etats-Unis est hissé à l’envers sur un mât, planté dans la pelouse.

Le cliché a été pris le 17 janvier 2021, à trois jours de la prestation de serment du nouveau président, Joe Biden. La maison est celle de Samuel Alito, juge conservateur à la Cour suprême des Etats-Unis. Onze jours plus tôt, les partisans de Donald Trump donnaient l’assaut contre le Capitole, menaçant d’interrompre la transition pacifique du pouvoir. Le drapeau national à l’envers, autrefois synonyme d’appel de détresse chez les militaires, est devenu l’un des symboles prisés du mouvement « Stop the Steal ! », prétendant dénoncer des fraudes imaginaires lors de l’élection présidentielle de novembre 2020.

La révélation récente de cette photo par le New York Times a provoqué, sans surprise, un torrent de commentaires. Ce soutien à une cause non seulement partisane mais insurrectionnelle, de la part de l’un des neuf plus hauts magistrats du pays, au sein d’une institution à la crédibilité très entamée, a contraint chaque camp à se positionner, pour ou contre Samuel Alito.

Le juge lui-même a réagi d’une façon si maladroite qu’il a alimenté la polémique. Dans un communiqué adressé au quotidien, Samuel Alito a expliqué qu’il n’avait rien à voir avec l’installation de ce drapeau : « Il a été brièvement installé par Mme Alito en réponse à l’usage par un voisin d’un langage très critiquable et personnellement insultant, sur des pancartes. » Martha-Ann Alito, visiblement très susceptible, aurait agi ainsi en réaction à un écriteau insultant Donald Trump. La faiblesse de cet argument est criante. Samuel Alito aurait pu demander sur-le-champ à son épouse de descendre ce drapeau américain renversé. Il l’a ignoré, et l’a donc validé.

Les républicains volent au secours de Samuel Alito

Quelques jours après le premier article, le New York Times en a publié un second, cette fois consacré à la maison des Alito à Long Beach Island, dans l’Etat du New Jersey. Un autre drapeau très débattu, montrant un pin, y a été repéré entre juillet et septembre 2023 ; surnommé « appel aux cieux », ses origines remontent à la révolution américaine. Mais à l’époque contemporaine, les spécialistes en soulignent l’appropriation par le mouvement nationaliste chrétien. Et ce drapeau était lui aussi visible aux abords du Capitole, lors du funeste 6-Janvier.

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