Une « fête de l’Europe » et un public de jeunes Allemands attirés là par un festival de musique : à Dresde (Saxe), Emmanuel Macron a profité du deuxième jour de sa visite d’Etat en Allemagne, lundi 27 mai, pour appeler à la mobilisation contre l’extrême droite dans un rassemblement populaire aux allures de meeting électoral. « Un vent mauvais souffle sur l’Europe, alors réveillons-nous ! », a-t-il lancé. Une autre façon pour lui de s’engager depuis l’étranger dans la campagne des élections européennes, au moment où le camp présidentiel accuse toujours un large retard sur la liste du Rassemblement national (RN), à moins de deux semaines du scrutin du 9 juin.
A peine accueilli par le président de la République fédérale, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, le chef de l’Etat avait donné le ton, la veille, à Berlin : « Défenseur de l’Europe, je considère que c’est ma responsabilité particulière de m’engager dans le débat européen, même comme président, pour démasquer les idées du Rassemblement national », a justifié M. Macron dans le parc du château de Bellevue, la résidence de son hôte, à l’entame de cette première visite d’Etat d’un président français depuis celle de Jacques Chirac, il y a vingt-quatre ans.
Si le RN et ses alliés avaient gouverné ces cinq dernières années en Europe, « nous n’aurions pas eu le vaccin, pas eu de plan de relance européen, pas de capacité à répondre aux défis migratoires en Européens, on n’aurait pas eu de Green Deal européen et une capacité à gérer la décarbonation », a renchéri le président français. « On aurait lâché l’Ukraine pour soutenir la Russie, que soutiennent tous les nationalistes dans nos pays. Et, donc, l’histoire ne serait pas la même », a-t-il poursuivi.
« La paix ne signifie pas la capitulation »
Toujours aux côtés de M. Steinmeier, M. Macron est allé, lundi matin, s’incliner devant les stèles de marbre noir du mémorial de la Shoah, érigé après la réunification sur le tracé de l’ancien mur de Berlin, au pied de la porte de Brandebourg. Peu après, dans l’ambassade de France voisine, le chef de l’Etat a décoré Serge et Beate Klarsfeld, qui ont consacré leur vie à la traque des criminels nazis. « La bonne mémoire, [c’est] celle qui permet aussi de se tenir vigilant face à l’antisémitisme, au négationnisme, à la xénophobie », a-t-il souligné. Mais sans faire allusion au récent soutien apporté par les Klarsfeld au RN, eux qui avaient pourtant longtemps combattu le Front national fondé par Jean-Marie Le Pen.
A Dresde, le chef de l’Etat a enfoncé le clou lundi, dans un Land de Saxe confronté à la montée en puissance de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), la formation d’extrême droite au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates et les Verts en vue des européennes en Allemagne – mais loin derrière les chrétiens-démocrates. Le chef de l’Etat a fait applaudir le combat des Ukrainiens face à « la guerre d’agression russe ». Pour lui, « la paix ne signifie pas la capitulation », a-t-il précisé.
Il vous reste 43.48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.