LETTRE DE CASABLANCA
Tout est parti d’une photographie publiée en ligne, samedi 25 mai, dans la version australienne du tabloïd britannique Daily Mail. Le cliché, anonyme, montre deux personnes s’embrassant dans un parc du 4e arrondissement de Paris.
L’une est une célébrité du monde des affaires, Andrew Forrest, fondateur du groupe minier Fortescue Metals et deuxième fortune d’Australie, selon le magazine américain Forbes. L’autre est une « mystérieuse femme », dont l’identité n’a pas été révélée par le journal. C’est un titre concurrent, The Australian, propriété de News Corp, qui a livré, lundi 27 mai, le nom supposé de l’inconnue : Leila Benali, ministre marocaine de la transition énergétique.
Si l’on y discerne effectivement les traits de M. Forrest, la photographie ne permet pas d’identifier formellement sa partenaire, qui tourne le dos à l’objectif. Mais, à l’appui de son argumentaire, The Australian rapporte que le cliché date de quelques jours, alors que Mme Benali et M. Forrest, selon le journal, se trouvaient tous deux à Paris.
Le 13 mai, l’homme d’affaires rencontrait le ministre français de la transition écologique, Christophe Béchu, à l’occasion du sommet Choose France, tandis que la ministre marocaine était en visite officielle dans la capitale française du 15 au 16 mai. Pour le quotidien, la quasi-concomitance des dates ne laisserait aucune place au doute.
« Les bonnes mœurs »
M. Forrest, qui vit officiellement séparé de la mère de ses enfants, mais sans avoir divorcé, ne s’est pas exprimé, et son entourage n’a pas confirmé qu’il s’agissait de Mme Benali. Mais un autre titre de News Corp, The Daily Telegraph, a cité, mercredi 29 mai, une source proche de l’homme d’affaires selon laquelle ce dernier fréquente la ministre « depuis des mois ».
L’affaire aurait pu se cantonner aux commentaires habituels sur la vie privée de deux personnalités consentantes si ce n’était que Fortescue avait annoncé en avril son intention de s’associer avec l’Office chérifien des phosphates, un géant marocain des engrais. L’entente doit être scellée par une coentreprise et doit permettre de « fournir de l’hydrogène vert, de l’ammoniac vert et des engrais verts au Maroc, à l’Europe et aux marchés internationaux ».
Il n’en a pas fallu davantage pour que la presse marocaine se fasse l’écho de cette prétendue liaison, y voyant le risque d’un conflit d’intérêts. Non seulement la ministre de l’énergie siège au conseil d’administration de l’Office chérifien des phosphates, mais elle occupe un rôle-clé dans la stratégie du Maroc en matière d’hydrogène vert, un secteur hautement stratégique pour lequel le royaume chérifien, qui a déclaré vouloir lui destiner 1 million d’hectares de terres, nourrit de grandes ambitions.
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