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Archéologie : redécouvrir l’Afrique

Dans une réserve renfermant des trésors archéologiques à l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), intégré à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, le 10 septembre 2024.

D’ici à quelques mois, une fois soutenue sa thèse à l’université Toulouse-Jean-Jaurès, One Claeys Tshukudu deviendra la première femme docteure en paléontologie du Botswana. La jeune chercheuse a bénéficié d’une bourse dans le cadre du programme Homini’karst, dirigé par le géoarchéologue Laurent Bruxelles. Il s’agit d’étudier l’environnement (paysages, climat) des grottes de ce pays d’Afrique australe où ont été observées des traces des premières occupations humaines.

Exemplaire, l’itinéraire de One Claeys Tshukudu n’a cependant rien de singulier sur le continent. Selon Moustapha Sall, vice-président de l’Association archéologique panafricaine de préhistoire, « il est très difficile pour un étudiant, en dehors de quelques pays comme l’Afrique du Sud ou le Kenya, de poursuivre son doctorat en Afrique subsaharienne, car très peu d’enseignants possèdent une habilitation à diriger des recherches et les subventions accordées aux universités pour mener le travail de terrain sont largement insuffisantes. Il n’y a pas d’autre choix que de partir à l’étranger ». Son pays, le Sénégal, ne compte qu’une dizaine d’archéologues et il redoute que les deux seuls préhistoriens de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar terminent leur carrière sans relève assurée.

Conséquence : les projets d’envergure ne pourraient prendre forme sans l’apport de financements internationaux. Quitte, pour les archéologues africains, à devoir continuer de composer avec l’agenda scientifique des pays donateurs – lequel s’inscrit encore souvent dans une géographie dessinée au début de la colonisation européenne. « Cet héritage existe mais il tend à s’estomper, nuance Laurent Bruxelles. Les nouvelles missions sont internationales et il n’est plus question de fouiller sans l’accord des populations hôtes. Nous ne sommes pas chez nous et nous en sommes conscients. »

Un patrimoine encore enfoui

Une autre constante apparaît : l’Egypte et l’origine des premiers hommes, objets intarissables de fascination pour les archéologues, continuent de drainer les plus importants budgets de fouilles à l’échelle de l’Afrique. « Ce que nous pouvons espérer est sans commune mesure avec ce dont bénéficient nos collègues égyptologues. A côté d’eux, nous sommes invisibles », constate Caroline Robion-Brunner, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de l’histoire de la métallurgie.

Une plongée dans des périodes plus récentes, comme le montrent par exemple les travaux menés au Gabon sur l’émergence de l’agriculture, ou au Nigeria, sur des royaumes médiévaux, apporte des connaissances nouvelles et corrige la perception toujours prégnante d’un continent qui, faute de vestiges monumentaux, serait sans histoire. De nouvelles technologies de pointe, comme le Lidar qui utilise le laser pour collecter des données, lèvent le voile sur des sites dissimulés sous l’épais couvert de la forêt tropicale.

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