Peter Cherif, connu sous le pseudonyme d’Abou Hamza, est jugé dès lundi par la cour d’assises de Paris pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. Le jihadiste français, proche des assaillants de Charlie Hebdo, est aussi soupçonné d’avoir participé à la séquestration de trois travailleurs humanitaires français en 2011.
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Le procès du vétéran français du jihad Peter Cherif, notamment soupçonné d’avoir joué un rôle auprès de Chérif Kouachi, un des assaillants de Charlie Hebdo en 2015, s’est ouvert lundi 16 septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris.
Aujourd’hui âgé de 42 ans, il sera jugé par la cour d’assises spécialement composée pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), l’organisation qui a revendiqué la tuerie de Charlie Hebdo.
Il devra aussi répondre de l’enlèvement et la séquestration en bande organisée le 28 mai 2011, pendant plus de cinq mois et toujours au Yémen, de trois ressortissants français, membres de l’ONG Triangle génération humanitaire.
Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Également connu sous le pseudonyme d’Abou Hamza, Peter Cherif s’est converti à l’islam en 2003. Il est, comme les frères Saïd et Cherif Kouachi, avec qui il a grandi dans le 19e arrondissement de Paris, l’une des figures de la filière terroriste des Buttes-Chaumont, menée par le prédicateur islamiste Farid Benyettou.
En 2004, il part combattre en Irak. Quelques mois plus tard, il est capturé par les Américains dans les ruines de Falloujah.
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La justice irakienne le condamne en 2006 à quinze ans de prison, mais il s’échappe en 2007 pour la Syrie. Il finit par se présenter à l’ambassade de France à Damas et est expulsé début 2008, puis mis en examen à Paris.
Il est jugé début 2011 mais prend la fuite, juste avant sa condamnation à cinq ans de prison, pour le Yémen, via la Tunisie et Oman.
Il y passe sept ans, avant de se rendre à Djibouti en 2018 sous une fausse identité, avec sa femme – décédée depuis – et ses deux enfants, et d’y être arrêté trois mois plus tard et d’être remis à la France.
Peter Cherif devrait sortir de son silence
Selon l’accusation, pendant son long séjour au Yémen, Peter Cherif a « rencontré Anwar al-Awlaqi », un prédicateur radical américano-yéménite, haut responsable d’Aqpa tué par drone en septembre 2011, « participé aux activités militaires du groupe », et a « contribué à la fabrication d’engins explosifs improvisés, à la recherche de cibles pour les attentats ».
Il aurait par ailleurs « facilité l’intégration au sein d’Aqpa d’un des frères Kouachi, très probablement Chérif », écrivent aussi les juges antiterroristes dans leur ordonnance, estimant qu’il avait « connaissance » de « la mission » de perpétrer un attentat en France confiée par Aqpa à son ami d’enfance lors d’un court séjour à l’été 2011 au Yémen.
Au cours de l’instruction, Peter Cherif a contesté avoir su en quoi consistait cette mission. Entendu comme témoin lors du procès des attentats de janvier 2015, il s’est muré dans le silence après avoir assuré n’avoir « rien à voir » avec ces attaques qui ont fait 17 morts, dont 12 assassinés par les frères Kouachi, abattus par les forces de l’ordre deux jours après la tuerie de Charlie Hebdo.
Quelle sera cette fois-ci son attitude devant la cour d’assises de Paris ? « Peter Cherif aura l’occasion, à travers ce procès, de dire sa vérité », a déclaré à l’AFP un de ses avocats, Me Sefen Guez Guez. « Il sait que le procès Charlie Hebdo pèse lourd dans la balance, mais il viendra porter une parole sincère. »
Parviendra-t-il à convaincre ? Les magistrats instructeurs soulignent dans leur ordonnance que si lors de sa garde à vue, Peter Cherif avait indiqué « être dans une volonté de collaborer avec les enquêteurs », il n’a en réalité « donné aucune information sur l’organisation terroriste qu’il a intégrée ».
De surcroît, la mise sur écoute de sa cellule a montré « la persistance de ses convictions islamistes radicales » et « son rejet de la société française », observent-ils.
Avec AFP