Le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué la députée Sandrine Josso à son insu afin de l’agresser sexuellement, a annoncé mercredi 25 septembre à Gérard Larcher qu’il ne siégerait plus au Sénat « jusqu’à nouvel ordre », acceptant de « se mettre en retrait de ses fonctions » exécutives, a affirmé l’entourage du président de la Chambre haute à l’Agence France-Presse (AFP).
« Gérard Larcher lui a demandé de démissionner de son mandat, mais n’a pas reçu de réponse » à ce sujet, a poursuivi l’entourage du président du Sénat. M. Guerriau occupait le poste de secrétaire du Sénat ainsi que celui de vice-président de la commission des affaires étrangères.
Placé sous contrôle judiciaire depuis la fin de 2023, le sénateur de Loire-Atlantique avait été suspendu dans la foulée de son parti, Horizons, et de son groupe parlementaire.
« Nous prenons acte de cette information et nous saluons l’autorité de M. le président du Sénat qui a, selon toute vraisemblance, œuvré pour la mise en retrait de Joël Guerriau », a réagi l’avocat de Sandrine Josso, Arnaud Godefroy, dans un communiqué. « Cette position est rassurante pour la sérénité de l’information judiciaire. Mme Josso est également rassurée par cette mise en retrait dans la mesure où elle ne sera pas amenée dans les prochains jours à croiser M. Guerriau », a-t-il ajouté.
388 nanogrammes d’ecstasy par millilitres dans le sang
Mardi, M. Guerriau a été entendu à propos de recherches suspectes retrouvées dans son téléphone, ont confirmé des sources proches du dossier mercredi auprès de l’AFP.
« Drogue et viol », « effets de l’ecstasy GHB [gamma-hydroxybutyrate, surnommé “drogue du violeur”] » , « GHB effets lendemain », « point de vente GHB »… L’expertise du téléphone de M. Guerriau a révélé que le sénateur avait formulé sur Google plusieurs recherches autour du viol et des drogues, le 9 octobre 2023, un peu plus d’un mois avant les faits dénoncés par Sandrine Josso, d’après des éléments de l’enquête. C’était la première fois qu’il était interrogé sur le fond depuis sa mise en examen, le 17 novembre 2023.
Entendue en mars, la députée centriste avait raconté aux juges d’instruction avoir été invitée chez M. Guerriau pour célébrer la réélection de son « ami politique » qui l’a incitée à « boire vite » et a adopté un « comportement bizarre », éteignant et rallumant plusieurs fois la lumière. De son côté, Il avait expliqué en garde à vue avoir fait un « tour de magie ».
D’après un rapport policier datant de juillet et dont l’AFP a eu connaissance mercredi, la victime présentait 388 nanogrammes d’ecstasy par millilitres dans le sang en sortant de chez M. Guerriau – une dose bien supérieure à une dose considérée habituellement comme « récréative ».
La soumission chimique au cœur de l’actualité
Les analyses effectuées sur Mme Josso montraient aussi une absence totale de consommation de stupéfiants durant les sept mois qui ont précédé le soir des faits.
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Prise de « sortes de décharges » dans le cœur, Mme Josso dit avoir vu M. Guerriau avec « un sachet blanc dans la main ». « Terrorisée », elle avait alors commandé un taxi, sans qu’il y ait eu de contact physique avec le sénateur.
Lors de sa garde à vue, M. Guerriau avait argué d’épreuves personnelles, dont la mort de son chat et la maladie d’un proche, qui l’auraient incité à se procurer un « euphorisant » auprès d’un autre sénateur. « Il est possible qu’il y en ait eu au fond du verre que je lui ai servi », avait-il avancé, évoquant une « erreur de manipulation » des coupes de champagne.
Ces derniers jours, de nombreux parlementaires s’étaient opposés au retour éventuel de Joël Guerriau, alors que le sujet de la soumission chimique est au cœur de l’actualité judiciaire à travers le procès des viols de Mazan.