Close

Agriculture : au Parlement européen, les votes pas toujours très cohérents des eurodéputés français

A écouter les agriculteurs en colère, l’Union européenne (UE) serait en grande partie responsable de leurs maux. Quand ils ne stigmatisent pas la politique agricole commune (PAC), ils s’en prennent au Pacte vert, qui doit amener les Vingt-Sept à la neutralité carbone en 2050, au libre-échangisme « forcené » de Bruxelles ou à l’ouverture du marché intérieur aux produits ukrainiens.

En France, le Rassemblement national (RN) et Les Républicains (LR), mais aussi, dans une moindre mesure, les élus de la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons) et la gauche de l’échiquier politique relaient tout ou partie de ces critiques. D’ailleurs, après avoir soutenu le Pacte vert comme la PAC, le président Emmanuel Macron a appelé à une « pause » du premier en mai 2023 et a insisté auprès de la Commission pour qu’elle réforme la seconde.

A quelques mois des élections européennes du 9 juin, qui pourraient voir l’extrême droite faire une percée, le sujet, politiquement inflammable, s’est installé dans la campagne. A Strasbourg, pourtant, ces cinq dernières années, les eurodéputés français n’ont pas toujours été sensibles aux thématiques chères au monde rural.

Une particularité hexagonale

A gauche, les Verts, LFI et les socialistes ont, depuis 2019, largement défendu l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. Les agriculteurs en crise peuvent néanmoins leur savoir gré d’avoir systématiquement combattu les accords de libre-échange, dont ceux avec le Chili et la Nouvelle-Zélande, qui ont été adoptés sous cette législature. A cet égard, il y a une particularité hexagonale, qui veut que même LR vote contre les accords commerciaux et, de ce point de vue, relaie la cause des agriculteurs.

Seule exception parmi les élus français, la majorité présidentielle (sauf l’éleveur Jérémy Decerle). Valérie Hayer, la tête de liste de la majorité présidentielle qui se présente comme « fille et petite fille d’agriculteurs », a, elle aussi, voté pour l’accord avec Wellington. « Ces accords sont des mauvaises nouvelles pour l’agriculture française. L’accord avec la Nouvelle-Zélande répond à des considérations géopolitiques dans le Pacifique ; celui avec le Chili, c’est pour s’approvisionner en lithium », juge Luc Vernet, du centre de réflexion Farm Europe.

En novembre 2021, les Verts, les socialistes et les élus de LFI n’avaient pas non plus voté pour la PAC 2023-2027, au motif qu’elle n’était pas assez verte ni sociale. Leurs collègues macronistes, de LR et du RN avaient, eux, soutenu ce texte, grâce auquel les agriculteurs français touchent quelque 9 milliards d’euros par an. « Bon nombre d’eurodéputés français, qui se gargarisent de soutenir les agriculteurs, ont défendu cette réforme dans les urnes », pointe l’eurodéputée Marie Toussaint, tête de liste des Verts pour les élections européennes.

Il vous reste 53.32% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top