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Sur les Champs-Elysées, boudés par les Parisiens, les cinémas luttent pour ne pas être rayés de la carte

Le cinéma UGC Normandie, sur les Champs-Elysées, à Paris, en 2020.

« Investir sur les Champs, ça fait peur », affirme Louis Merle, codirigeant du réseau de cinémas Multiciné (dont l’Elysées Lincoln). Sur la « plus belle avenue du monde », la fréquentation des salles de cinéma connaît une baisse vertigineuse. Selon les chiffres de l’entreprise Comscore, publiés par le média spécialisé Le Film Français, 4,26 millions de spectateurs avaient assisté en 2001 à une projection sur les Champs-Elysées. Deux décennies plus tard, ce chiffre a nettement faibli : 572 000 se sont rendus dans ses salles en 2023, soit près de huit fois moins.

Et pour cause : neuf cinémas ont fermé depuis les années 1990. Le Gaumont Marignan, l’UGC George-V et le Gaumont Champs-Elysées Ambassade sont les derniers à avoir mis la clé sous la porte. « C’est un cercle vicieux. La fermeture d’une salle est mauvaise nouvelle pour toutes les autres », observe Michel Gomez, délégué de la mission cinéma à la Ville de Paris.

La baisse de la fréquentation s’explique en partie par la fermeture de ces établissements. Mais aussi par la baisse du nombre de spectateurs dans les salles encore en activité. D’après Comscore, le cinéma le Balzac est ainsi passé de 185 000 à 115 000 spectateurs annuels entre 2008 et 2023. L’UGC Normandie, qui cumule le plus d’entrées sur l’avenue, a perdu près de 310 000 visiteurs annuels entre 2012 et 2023, soit une baisse de 34 %. Comment expliquer cette désertion ?

Avenue inhospitalière

« Ce n’est pas que les Parisiens n’ont plus envie d’aller au cinéma. La raison principale, c’est qu’ils n’ont plus envie d’aller sur les Champs-Elysées », affirme Louis Merle. « Ils se sont déportés vers d’autres endroits où l’on peut dîner sans dépenser tout son PEA [Plan d’épargne en actions], ironise-t-il. Les Champs sont devenus un centre commercial de luxe à ciel ouvert. » Les cinémas ne sont pas les seuls commerces emblématiques de l’avenue à avoir cessé leur activité. Le Virgin Megastore a fermé ses portes en 2013, le restaurant Pizza Pino en 2021. Les magasins de luxe, les chaînes de restaurants et les espaces de bureaux illustrent l’orientation désormais strictement commerciale de l’avenue.

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De l’avis de plusieurs exploitants de salles, celle-ci est devenue inhospitalière. « Elle est désertée par les Parisiens et les cinéphiles. On ne s’attend pas à ce que les touristes qui viennent pour la boutique Louis Vuitton passent une tête au cinéma », observe Corinne Honliasso, directrice du cinéma d’art et essai Le Balzac.

Les aménagements de l’avenue ne seraient pas adaptés au mode de vie des habitants de la capitale. « Il y a beaucoup de voitures, beaucoup de passage, les pistes cyclables sont en pavé. C’est une autoroute urbaine qui ne donne pas envie de flâner », avance Louis Merle. Pour donner envie aux Parisiens de revenir sur les Champs, un plan de transformation – dont les travaux se sont étalés en deux phases – a été engagé par la Ville de Paris et le Comité Champs-Elysées. Trente millions d’euros ont été investis en 2022 pour embellir les jardins des Champs-Elysées, rénover la partie haute de l’avenue, refaire les dallages et les traversées piétonnes.

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