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« L’Origine du monde », célèbre nu de Gustave Courbet, taguée à Metz

Des visiteurs devant « L’Origine du monde », de Gustave Courbet, au Musée d’Orsay, à Paris, le jour de sa réouverture, après le premier confinement, le 23 juin 2020.

L’Origine du monde, célèbre nu de Gustave Courbet (1819-1877), a été tagué à la peinture rouge lundi 6 mai. La toile, conservée par le Musée d’Orsay, est actuellement exposée au Centre Pompidou-Metz dans le cadre d’une exposition consacrée à l’un de ses plus célèbres propriétaires, le psychanalyste Jacques Lacan. L’œuvre était « protégée par une vitre », a précisé la direction de la communication du musée, rapportant que la police était sur place pour procéder à des analyses.

L’« action », menée notamment par l’artiste performeuse franco-luxembourgeoise Deborah de Robertis, était baptisée « On ne sépare pas la femme de l’artiste », et entendait s’inscrire dans un « mouvement mondial » de « jeunes femmes artistes de tous les domaines », a précisé à l’Agence France-Presse une avocate d’une des parties prenantes à l’action. « Ce qui était permis autrefois, maintenant les jeunes gens n’en veulent plus », a-t-elle poursuivi, ajoutant : « Deborah de Robertis est une grande artiste qui nous interroge, nous interpelle, nous dérange. »

Deux femmes ont tagué « MeToo » sur L’Origine du monde, ainsi que sur une œuvre de la performeuse autrichienne Valie Export, a précisé Mme de Robertis. Une broderie rouge sur tissu d’Annette Messager, baptisée Je pense donc je suce, a également été volée, un « geste de réappropriation », selon Mme de Robertis.

L’artiste a brièvement publié sur X une vidéo dans laquelle on la voit arracher du cadre dans lequel il est exposé le tissu de 39,5 centimètres par 31,5 et le mettre dans son sac noir, sous l’œil d’un visiteur et d’un photographe. En fond sonore, des cris « MeToo » résonnent dans la galerie d’exposition.

Selon un communiqué du musée, quelques personnes « ont fait diversion auprès du personnel de médiation et de sécurité, permettant aux autres membres du groupe » de taguer les œuvres. « Avec tout le respect que nous portons aux mouvements féministes, nous sommes choqués de voir vandaliser des œuvres d’artistes, notamment d’artistes féministes, au cœur des combats de l’histoire de l’art », a déclaré Chiara Parisi, directrice du musée, citée dans le communiqué.

« Miroir de L’Origine du monde »

Le maire de Metz, François Grosdidier (Les Républicains) s’est dit « indigné et choqué » par la tentative de dégradation du tableau de Courbet, évoquant un « acte criminel contre une œuvre majeure de notre patrimoine ». « Je condamne avec la plus grande vigueur ce nouvel attentat contre la culture, produit cette fois par des fanatiques féministes », a-t-il poursuivi.

Au total, cinq œuvres seraient concernées, selon un message posté sur X par la ministre de la culture, Rachida Dati. « Aux “activistes” qui pensent que l’art ne serait pas assez puissant pour porter un message par lui-même, il faut le redire : une œuvre n’est pas une pancarte qu’on pourrait colorier avec le message du jour », a-t-elle écrit. « Nous continuerons à protéger les œuvres contre les nouveaux iconoclastes. »

Deux jeunes femmes, nées en 1986 et 1993 et sans antécédent judiciaire, ont été placées en garde à vue en début d’après-midi, a annoncé le procureur de la République de Metz, Yves Badorc. La personne à l’origine du vol n’a pas été interpellée. L’enquête confiée au service interdépartemental de police judiciaire de Metz a été ouverte de deux chefs : « dégradation ou détérioration de biens culturels commis en réunion » et « vol d’un bien culturel en réunion », a précisé le magistrat.

Une performance de Deborah de Robertis, baptisée Miroir de l’Origine du monde, est par ailleurs exposée à proximité de L’Origine du monde, aux côtés de Genital Panic (1969), par Valie Export, ou de Concept spatial, Attentes (1958), du peintre italien Lucio Fontana, ou de Je pense donc je suce, d’Annette Messager. On voit l’artiste poser, le sexe nu, sous l’œuvre de Courbet. La performance avait été illégalement réalisée le 29 mai 2014 au Musée d’Orsay.

Un des plus célèbres tableaux de la peinture du XIXe siècle

Deborah de Robertis a été condamnée jeudi par la justice française à 2 000 euros d’amende pour s’être montrée nue en 2018 à l’occasion de l’une de ses prestations devant la grotte du sanctuaire de Lourdes. Elle a aussi été plusieurs fois relaxée après des actions similaires, notamment en 2017 après avoir montré son sexe au Musée du Louvre devant La Joconde, à Paris.

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L’Origine du monde compte parmi les plus célèbres tableaux de l’histoire de la peinture du XIXe siècle. Il n’a longtemps été connu que des historiens d’art et des connaisseurs, mais après la mort de Lacan, en 1981, ses héritiers l’ont légué par dation à l’Etat et, en 1995, la toile a rejoint les collections du Musée d’Orsay.

L’œuvre avait été réalisé en 1866 pour Khalil Bey, diplomate turco-égyptien et collectionneur de peintures érotiques (dont Le Bain turc, de Jean-Auguste-Dominique Ingres), avant de changer plusieurs fois de propriétaires.

Son modèle, resté anonyme pendant plus de cent cinquante ans, est la danseuse Constance Quéniaux, selon une découverte faite en 2018 par un grand spécialiste d’Alexandre Dumas, Claude Schopp.

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Le Monde avec AFP

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