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« Lors de la guerre du Kippour fut brandie, pour la première fois avec succès, “l’arme du pétrole” »

La fracture socio-économique des années 1970, qu’on peut difficilement dissocier des chocs pétroliers, est reconnue comme un tournant majeur de la modernité. 1973 marque la fin des « trente glorieuses », d’une certaine abondance, d’une exubérance certaine. Cette inflexion dans l’histoire de l’humanité est rattachée à un événement militaire, la courte guerre du Kippour, du 6 au 25 octobre 1973, où fut brandie, pour la première fois avec succès, « l’arme du pétrole ». Pour les macroéconomistes, l’accent mis sur cet épisode du long conflit israélo-arabe permet d’analyser la nature des mutations profondes alors à l’œuvre dans nos sociétés. Cinquante ans après, les tensions mondiales, le dérèglement climatique et la guerre en Ukraine font un écho puissant à ce passé.

1973 : la récession économique qui frappe l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est suivie d’une nouvelle contraction lors d’un second choc pétrolier, en 1979. L’Occident cherche des énergies alternatives au pétrole moyen-oriental : relance du charbon, développement du nucléaire… Rien n’y fait, le pétrole reste incontournable et on va le chercher dans l’Arctique et dans les grands fonds marins pour accompagner un insatiable appétit de croissance.

2023 : des macroéconomistes ont d’abord prétendu que la crise énergétique orchestrée par la Russie aurait peu d’incidences sur l’économie européenne. Plus grave, cette incompréhension du rôle central de l’énergie peut expliquer la prise de conscience tardive des efforts titanesques à fournir pour s’affranchir des énergies fossiles, si l’on veut vraiment décarboner l’économie.

La sobriété au goût du jour

1973 : l’inflation déclenchée par les chocs pétroliers des années 1970 est énorme. Dans les années 1990, les macroéconomistes inventent le concept de « grande inflation » des années 1965-1982, qui aurait été selon eux d’origine monétaire avant d’être énergétique. Ils oublient le pétrole et la longue guerre du Vietnam, qui a eu des impacts inflationnistes forts, puis déflationnistes avec la démobilisation en 1972.

2023 : le monde occidental sort d’une période d’« assouplissement quantitatif » (2008-2014), création monétaire débridée qui a facilité l’émergence du pétrole de schiste par une exubérance d’investissements sans rentabilité au Texas, aux impacts longtemps anti-inflationnistes. La fin du « miracle du schiste » conjuguée à la vague de création monétaire post-Covid-19 a déclenché le retour d’une inflation liée à l’énergie, présente avant l’invasion de l’Ukraine.

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