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Une ville, des envies, cinq possibilités : Royan

LA LISTE DE LA MATINALE

Détruite en grande partie à la Libération, Royan (Charente-Maritime), cité balnéaire très chic, s’est reconstruite après la guerre et dans l’urgence. Longtemps peu aimée de ses habitants, cette architecture, typique des années 1950, est aujourd’hui très populaire.

Bains de mer et grandes villas à Pontaillac

Le quartier de Pontaillac, un festival d’architecture.

Au commencement était la mer. Au XIXe siècle, le bain dans l’océan, jusque-là vaguement terrifiant, devient populaire pour des raisons médicales, au départ, ludiques par la suite. Un entrepreneur bordelais, Jean Lacaze, découvre en 1850 ce qui deviendra le quartier de Pontaillac, achète 25 hectares et les lotit. Le plan est très hygiéniste : des rues droites, balayées par la brise et qui toutes vont vers la mer. L’arrivée du train de Paris multiplie le nombre de visiteurs. Là se construisent quelques somptueuses villas, que les bombardements à venir épargneront. Si elles ne se visitent pas, elles peuvent s’admirer. La Castel-Horizon domine la plage, tout en pierre de taille et pastichant les châteaux de la Renaissance. Plus loin, la Villa Cordouan a des allures de Trianon.

Mélange de styles dans le quartier du Parc

La Villa Boomerang, dans le quartier du Parc.

Tout aussi remarquable, le quartier du Parc est presque l’antithèse du géométrique Pontaillac. Ici, les rues sont sinueuses, les maisons se cachent, les arbres débordent sur la rue. On s’y perd, on y découvre des merveilles presque par hasard. Vous voulez de l’orientalisme ? La très kitsch et japonisante Villa Kosiki (1886) a des faux airs de pagode. De l’architecture moderne ? La Villa Boomerang (1959), presque entièrement bâtie sur pilotis, jaune et bleu, évoque Oscar Niemeyer, une référence fréquente ici. Sur le boulevard Frédéric-Garnier, les styles cohabitent avec une tranquille audace. Les jeux de volumes de la cubique Ombre Blanche (1958) s’imposent entre l’imposante Villa Guyvonney (1909), où la brique est très présente, et les nombreux décrochements de la double façade de l’hôtel du Trident Thyrsé (1956). Sur quelques dizaines de mètres, la ville déroule tout son éclectisme.

Béton et reconstruction

Le marché central de Royan.

Le 5 janvier – puis du 14 au 17 avril 1945 –, Royan est victime d’un « inutile et tragique » bombardement, comme le dit encore avec amertume une plaque commémorative posée devant l’église de la ville. Certains quartiers sont détruits à 85 %. L’architecte Claude Ferret prend la reconstruction en charge. Il imagine un arc de cercle de maisons qui épouse la courbe de la plage et une longue allée rectiligne, le boulevard Aristide-Briand, qui monte jusqu’au marché. Longtemps décriée, cette architecture est aujourd’hui remise en avant. Trois chefs-d’œuvre se dégagent : l’église Notre-Dame, immense édifice tout en longueur et dont l’intérieur, conçu comme un bateau, est impressionnant de puissance ; le marché couvert, une coupole en béton recouvrant sans l’aide d’un seul pilier des étals très variés ; et le palais des congrès, auquel on vient de rendre sa beauté d’origine en le débarrassant d’excroissances incongrues. Et tous les Royannais pleurent aujourd’hui la démolition, en 1985, du casino municipal, qui était l’un des fleurons du front de mer. Cette histoire douloureuse est exposée de façon extrêmement claire et poignante dans le tout nouveau Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP).

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