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Gérard Miller dans « Le Monde », un boulimique médiatique dans la tourmente

Elles sont trois à avoir pris la parole. Dans le magazine Elle, le 1ᵉʳ février, la journaliste Muriel Cousin et deux autres femmes, restées anonymes, accusent Gérard Miller, 75 ans, d’agressions sexuelles et d’un viol. Les faits se seraient déroulés dans les années 1990 et au début de la décennie suivante, alors qu’elles avaient entre 19 et 23 ans, lors de séances d’hypnose pour deux d’entre elles.

Dans un long communiqué, le médiatique psychanalyste affirme avoir pris « acte de ce qu’elles ont ressenti et ressentent encore aujourd’hui » et souligne : « Avec toutes les femmes, j’ai la conviction de n’avoir contraint personne », réfutant toute violence sexuelle. En outre, il dit ne pas pratiquer l’hypnose ni chez lui ni à son cabinet.

Toutefois, Gérard Miller comprend « que l’on puisse dire qu’un rapport inégalitaire existait » avec ces femmes bien plus jeunes que lui. « Psychanalyste, universitaire, auteur, chroniqueur télé et radio, j’étais de fait un “homme de pouvoir”, et il y avait dès lors une dissymétrie “objective”, dont on peut se dire aujourd’hui qu’elle était rédhibitoire. »

Mardi 6 février, Mediapart a publié une longue enquête recensant une dizaine de nouveaux témoignages de femmes, souvent bien plus jeunes que lui, l’accusant d’agressions sexuelles ou d’avoir eu « un comportement inapproprié avec elles, entre 1995 et 2016 ». Selon le site d’information, l’une d’entre elles a effectué, le 6 février, un signalement au parquet de Paris, pour des faits remontant aux années 1990.

« A aucun moment de ma vie privée, je n’ai fait preuve – chaque mot compte, n’en séparons aucun – d’indifférence ou de mépris, de forçage ou de négation de l’autre », a insisté Gérard Miller dans un nouveau communiqué de quatre pages publié sur son compte X. Et d’arguer de nouveau, en guise de conclusion, que sa position d’« homme de pouvoir » avait pu créer une « dissymétrie dont [il] ne mesurai[t] pas à l’époque qu’elle était rédhibitoire et qui [l]e conduirait aujourd’hui, sans aucun doute, à agir autrement ».

« Passion » pour Lacan

Loin de cette stature d’« homme de pouvoir », sa plume de jeune psychanalyste – il a alors 26 ans – lui vaut d’apparaître dans Le Monde du 25 avril 1975. Par souci d’exactitude, notons que deux Gérard Miller s’étaient déjà glissés dans ces colonnes : un PDG d’une entreprise de métallurgie (1962) et un journaliste américain tué lors de la guerre du Vietnam (1970). Homonymes sans lendemain.

En 1975, son premier livre, Les Pousse-au-jouir du maréchal Pétain (Seuil), préfacé par Roland Barthes, lui vaut une chronique enthousiaste de la journaliste – et maoïste, comme lui le fut – Maria Antonietta Macciocchi. Elle a apprécié cet ouvrage décortiquant le « masochisme national » observé sous Vichy : « Miller est un homme jeune, issu de la révolution de 1968, donc d’une pratique politique militante ; son manque de respect pour Pétain fait de son récit l’écrit le plus lucidement antipétainiste, si l’on excepte le fameux ouvrage de l’Américain Paxton. »

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